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Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 22 juin 2009 à 21h30
Création d'une première année commune aux études de santé — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton :

De plus, les préconisations du rapport Bach qu'a retenues cette proposition de loi – et moins encore celles qui en ont été écartées – ne seront pas de nature à faciliter l'ouverture de ces filières.

Mes chers collègues, pour nous comme pour les étudiants, cette proposition de loi est un acte manqué, un acte gâché. Mais, plus encore, le contexte général dans lequel elle s'inscrit ne peut que nous conduire à être circonspects. Car, si l'on s'interroge sur les raisons du manque d'ambition et de crédibilité du texte pour répondre aux besoins de notre système de formation, on comprend qu'il ne peut prendre toute sa dimension faute de moyens. Comment, en effet, mettre en place le tutorat sans engagement financier de l'État ? Comment gérer une véritable L1 santé, ouverte à d'autres professions, quand la seule L1 a minima proposée va déjà connaître d' énormes difficultés financières dans sa mise en oeuvre ? Comment intégrer les élèves réorientés en facultés de sciences ?

Noyée dans des considérations de façade, cette proposition a perdu toute sa substance, tout son sens. Hélas, le cas n'est pas isolé. Rappelons-nous, mes chers collègues, le plan de réussite en licence. Un an après sa mise en oeuvre, il ne s'est pas traduit par des avancées pour une majorité d'étudiants : seules 32 % des universités ont augmenté les volumes horaires de leurs formations ; seules 28 % ont limité le nombre d'heures de cours en amphis ; moins de 40 % ont créé des parcours permettant les réorientations ; seules 10 % ont mis en place des dispositifs d'accompagnement pour les étudiants salariés. Les 67,9 millions d'euros de crédits supplémentaires prévus pour le plan « Réussir en licence » sont insuffisants pour lutter contre l'échec dans le premier cycle.

Comme la proposition Domergue, ce plan ne comporte aucune mesure d'accompagnement des étudiants, aucune création de postes de maîtres de conférences pour améliorer l'encadrement des étudiants à l'université. C'était pourtant l'une des préconisations des rapports précédents : la commission Couraud n'a-t-elle pas défini les unités d'enseignement ?

La vision purement comptable et la suppression de 13 500 postes dans l'éducation nationale ne sont pas un gage de réussite pour le futur des bacheliers et l'avenir des étudiants. Dans ces conditions, pourquoi une telle précipitation à propos de la L1 santé ? Pourquoi ne pas prendre le temps d'une réelle concertation avec les étudiants – qui n'ont pas tous été écoutés, n'en déplaise à Mme la ministre –, avec les présidents des facultés de médecine et de pharmacie, et avec les présidents des universités qui ne sont pas si satisfaits de l'existence de cette proposition, alors que d'autres lois ne sont pas totalement appliquées, comme celle instaurant la filière de médecine générale ?

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, permettez-moi d'en arriver à ma conclusion. (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP.)

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