Monsieur le président, monsieur le ministre d'État, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, à mon tour de me féliciter de la mise en place de ce grand débat, tant attendu par les Français et promis par le Président de la République. Il débouchera, je n'en doute pas, sur des propositions, et, au bout du compte, sur des décisions constructives prises ici. La compétence de nos ministres et la sagesse des députés nous permettra de trouver ensemble les bonnes solutions. Compétence et sagesse seront nécessaires, mais aussi équilibre, parce que les excès des uns ne trouveront pas leur solution dans nos propres excès. Au XIXe siècle, lorsque les employeurs pratiquaient quelques excès à l'encontre de leurs salariés, la bonne réponse n'a pas été le marxisme, lequel a d'ailleurs été une mauvaise réponse en matière sociale comme en matière environnementale, je le rappelle à l'attention de mon ami André Chassaigne.
Pour être efficace, dans les décisions prises comme dans le suivi de ces décisions, il faut savoir où nous en sommes, tracer un « point zéro ». Sans cela, comment procéder à des suivis et à des évaluations ?
Dans cette intervention, que je consacrerai spécifiquement aux questions agricoles, il me semble nécessaire de faire un peu d'histoire. La richesse des débats qui se sont tenus au cours de ces dernières semaines, y compris celui qui a lieu dans cet hémicycle, m'oblige à rappeler pourquoi l'agriculture en est venue à utiliser des produits phytosanitaires. J'encourage mes collègues à lire un certain nombre de revues agricoles très spécialisées, très sérieuses, parues au milieu du XIXe siècle. Je prends l'exemple de cette période parce qu'elle était riche sur le plan industriel, et que l'on s'y posait beaucoup de bonnes questions. Les agriculteurs avaient la même mentalité que ceux d'aujourd'hui : ils voulaient pouvoir être fiers de produire de belles récoltes, mais aussi de répondre à la nécessité de nourrir les hommes, comme un cheminot doit répondre à la nécessité de faire arriver les voyageurs à l'heure et sans accident, comme les médecins doivent parvenir à soigner avec le moins d'erreurs possible. C'est pourquoi, après certaines disettes, après la survenue de maladies dues à des insectes, à des limaçons, ou à d'autres facteurs, un certain nombre de produits ont été mis au point, progressivement, avec l'aide de scientifiques, pour qu'enfin l'alimentation soit plus régulière et plus saine. Car certaines maladies liées à l'alimentation humaine, et parfois animale, étaient mortelles.
Il faut souligner que, depuis un demi-siècle, nous ne sommes pas restés les bras ballants. Des progrès considérables ont été accomplis grâce aux effets positifs de l'utilisation des produits phytosanitaires, lesquels ont contribué à éradiquer certaines maladies. La France est l'un des pays où l'accident sanitaire alimentaire n'existe pratiquement plus. Soulignons-le, soyons intellectuellement honnêtes. Et reconnaissons aussi, par exemple, que la tuberculose a pratiquement disparu, de même qu'ont pratiquement disparu la brucellose et le ténia, même si parfois on pourrait croire qu'il y a une solidarité entre les Verts. Mais ils ne sont plus dans l'hémicycle. (Rires sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)