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Intervention de André Chassaigne

Réunion du 3 octobre 2007 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

…alors même qu'en vingt ans le fret ferroviaire entre l'Italie et la France est passé de 39 % à 15 %. Ces deux décisions n'ont rien de fortuit puisqu'elles s'inscrivent dans la logique du plan Véron, lequel a déjà conduit, en trois ans, à un recul du fret ferroviaire de 13 % en volume.

Seule une logique de service public qui tourne le dos à celle de la rentabilité à court terme est à même de répondre de façon cohérente aux problèmes écologiques. Seul l'État est à même de débloquer les 10 milliards d'euros nécessaires à la mise en place d'un réseau de fret ferroviaire digne de ce nom. Une telle volonté verra-t-elle le jour alors que la baisse des dépenses publiques est érigée en dogme ?

Les exigences écologiques, à savoir la réduction des transports les plus polluants, les plus destructeurs et les plus coûteux en énergie, nécessitent le développement des transports publics de voyageurs comme de marchandises. Ces exigences rejoignent celles, sociales, d'un transport bon marché, servi par un réseau irriguant tout le territoire, et elles impliquent des niveaux de salaires et des normes de travail acceptables.

Le groupe de travail n° 4, pour sa part, recommande de développer « beaucoup plus fortement » les pratiques agricoles respectueuses de l'environnement, fixant notamment pour objectif l'augmentation des surfaces destinées à l'agriculture biologique de 1,8 % à 6 % d'ici à 2010. Il propose également une réduction de l'usage des pesticides.

Comment, toutefois, adopter ces mesures qui vont dans le bon sens – qui vont dans le bon sens, j'insiste –, en gommant le contexte économique dans lequel évolue l'agriculture ? Une fois encore, cet exemple confirme notre analyse selon laquelle les logiques économiques dominantes surexploitent la nature et réduisent dans le même temps des emplois. Ainsi, l'agro-industrie contribue à la désertification des campagnes tant en termes d'espaces – en réduisant la variété des paysages et la biodiversité –, qu'en termes humains avec la perte des emplois agricoles. Il n'est d'ailleurs pas anodin que la plupart des mouvements agricoles prennent progressivement conscience qu'une politique de protection de l'environnement ne peut se conjuguer avec une agriculture vivante que si elle rompt avec l'ordre établi.

Comment, en effet, prétendre développer les bonnes pratiques sans remettre entièrement en cause le système agroalimentaire ? Les paysans, étranglés, sont bien obligés d'utiliser engrais et pesticides s'ils veulent tout simplement survivre. Or cette dégradation continuelle de la situation économique et sociale de l'agriculture n'est pas la conséquence de contingences climatiques sur lesquelles nous n'aurions aucune prise, elle est la conséquence des réformes successives de la politique agricole commune, qui s'inscrivent dans le sillon de la libéralisation des échanges dictée par l'OMC. Aussi, seule une authentique préférence communautaire et seule une aide aux exploitations les plus vulnérables – qui sont par ailleurs celles qui participent le plus à l'aménagement du territoire, donc aux équilibres environnementaux –, permettront un retour à des prix rémunérateurs et une rupture avec un type d'agriculture aux effets désastreux pour nos territoires.

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