Monsieur le président, madame, messieurs les ministres, mes chers collègues, permettez-moi d'appeler votre attention sur le fait que le développement durable ne se résume pas aux enjeux environnementaux. Pour ma part, je souhaite poser le débat sous un angle différent.
À l'évidence, l'environnement est un enjeu majeur pour notre société dans les décennies à venir. Comment poser le débat, et le décliner dans sa nécessaire dimension opérationnelle, qui lui apportera toute sa crédibilité ?
Pour ma part, je suis intimement convaincu, de par mon engagement de longue date dans le combat pour le développement durable, qu'il s'agit du thème majeur qui doit orienter le siècle dans lequel nous sommes entrés, et, peut-être le seul à même de lui donner un sens. Car il s'agit, ni plus ni moins, d'éviter une catastrophe écologique annoncée et actuellement à l'oeuvre. Mais c'est beaucoup plus que cela.
Au-delà de la dimension écologique, nous devons réinventer notre façon de faire de la politique. Alors, merci, monsieur le ministre, d'avoir lancé le débat. C'est une grande innovation dont notre pays avait bien besoin et qu'il attendait depuis maintenant un certain temps.
Alors que l'enjeu du développement durable était à l'origine strictement écologique, il est aujourd'hui beaucoup plus vaste et répond à l'aspiration de prendre en compte la dimension humaine dans notre système politique, économique et social.
Il s'agit d'une vision globale qui recouvre la volonté d'aller vers un nouveau modèle : un modèle de régulation économique qui englobe l'environnement, certes, mais qui, plus largement, répond à une demande d'éthique.
Sont en gestation aujourd'hui un nouveau modèle de société et un nouveau système économique et social, lesquels proposent une alternative intéressante et nécessaire à la société post-industrielle dans laquelle nous sommes encore.
Le XVIIIe siècle a vu émerger la philosophie des Lumières, laquelle, au XIXe siècle, est entrée en conflit avec le modèle dominant de l'époque pour finalement triompher en imposant le modèle de démocratie politique et de libéralisme en économie dans lequel nous vivons toujours. Je n'hésite pas à comparer la philosophie politique du développement durable à celle des Lumières. La représentation nationale a l'impérieuse nécessité de porter le débat à ce niveau, au-delà de propositions limitées, cloisonnées, qui datent de Stockholm 1 972.
Aujourd'hui, c'est la logique du rapport Brundtland de 1987 et du sommet de Rio qui est enfin à l'oeuvre. À cet égard, notre pays, de par son modèle politique, économique et social, pourrait avoir une influence déterminante, non seulement en Europe, mais dans le monde, sur un sujet majeur en matière de relations internationales. En tout cas, permettez aux quelques vieux gaullistes que nous sommes encore dans cette assemblée de le croire !