…soit, à quelque chose près, la somme qui aurait permis de financer, sur sept ans, l'ensemble des projets de transport en site propre en cours de réalisation.
Pendant que se déroulait son processus d'élaboration, la SNCF, entreprise publique, définissait un nouveau plan de fret dans lequel 262 gares n'assureront plus, à compter du 30 novembre 2007, le chargement et le déchargement de wagons de marchandises isolés, ce qui fragilise votre discours en matière de transport et de réchauffement climatique.
De même, pas besoin d'un « double étiquetage économique et écologique » sur le projet de loi de finances pour 2008. « Double langage » aurait suffi, tant celui-ci n'opère aucun changement majeur en matière d'écologie, si ce n'est la perte de 1 192 emplois dans votre champ de responsabilité.
Tout cela pour dire que les attentes que vous avez suscitées ne pourront être satisfaites par des demi-mesures ou de nouveaux slogans présidentiels sans lendemain. Dans ce domaine, nous avons déjà beaucoup donné.
Tout le monde a en mémoire le célèbre « La maison brûle » du Président Chirac en 2002 à Johannesburg. Mais cinq ans et cinq ministres plus tard, on se demande toujours où sont passés les tuyaux.
Les mesures livrées au débat public qui s'ouvre sont toutes intéressantes et, dans la majorité des cas, réalistes. Aussi, ne préjugeons pas du sort qui leur sera réservé. Mais la polyphonie gouvernementale à propos de certaines d'entre elles a hélas entrouvert la porte aux lobbies contre-révolutionnaires et aux revirements qui vont avec.
Ainsi, monsieur le ministre d'État, lorsque vous confessez à demi-mots votre intime conviction sur le gel des cultures d'OGM en plein champ, Henri Guaino, conseiller spécial du Président de la République, siffle la fin de la récréation et demande aussitôt que cette question ne soit pas traitée avec désinvolture.
Eh bien nous, mes chers collègues, nous exigeons que les ministres en charge des questions essentielles ne soient pas « traités avec désinvolture » par des conseillers sans mandat ni légitimité et qui polluent le débat démocratique ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
Nous attendons la « révolution écologique » que vous nous avez promise et une clarification sur les points restés en débat lors de la première phase : niveau de réduction des pesticides, évolution du schéma autoroutier, incinération des ordures ménagères, avenir du nucléaire, moratoire sur les OGM. Ces questions doivent être tranchées.
Au sujet du nucléaire, le point d'équilibre sera difficile à trouver entre ceux qui, dans les groupes de travail, ont exprimé leurs doutes quant à l'utilité d'une quatrième génération de réacteur nucléaire et un Président de la République devenu, à égalité avec le président iranien, le « voyageur représentant placier » du nucléaire civil dans le monde. (« Lamentable ! » sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Il faudra aussi que la politique française de protection de l'environnement ne continue pas à prétendre qu'elle fera « quelque chose avec rien ». Il faut que l'État crédibilise les mesures qui seront arrêtées par une loi de programmation et des financements planifiés dans la durée.
Il est impératif aussi que vous assumiez honnêtement vos responsabilités vis-à-vis des acteurs sur qui la charge de réalisation sera transférée – je pense en particulier aux collectivités locales.
Si tel n'était pas le cas, monsieur le ministre, votre « Grenelle de l'environnement » se transformerait très rapidement en un « Groenland de l'environnement » et toutes vos belles intentions fondraient sous la chaleur étouffante du tropisme libéral de votre majorité et l'effet conjugué des restrictions budgétaires de Bercy. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)