Les problèmes qui se posent à propos de la fourniture d'énergie sont dus pour l'essentiel au fait que de multiples acteurs occupent ces créneaux de la production et de la distribution d'énergie de sorte que la concurrence économique est extrêmement forte. L'on peut en mesurer les conséquences en écoutant les différentes interventions qui ont été faites par exemple sur l'éolien. Si l'on rencontre aujourd'hui de tels problèmes, c'est parce qu'il n'y a pas de pôle public de l'énergie. La solution, c'est d'en mettre un en place.
Vous allez dire qu'il s'agit d'une proposition politique globale. Oui, c'est une proposition forte, et je ne pouvais pas, dans le cadre de ce débat, ne pas rappeler cette exigence, avec quelques arguments seulement, car je pourrais parler très longuement sur le sujet.
Ce pôle public de l'énergie est le seul moyen de faire face à des enjeux extrêmement importants.
Le premier, c'est l'urgence des investissements. En Europe, il faut investir 1 200 milliards d'euros au cours des vingt prochaines années pour répondre à la demande et remplacer les infrastructures vieillissantes. Quitte à faire bondir mon collègue et ami Cochet, je signale que cela correspondrait à la mise sur le réseau d'une centrale nucléaire par mois.
En France, il y a également de gros besoins en investissement et tout retard, nous en avons tous conscience, favorise la construction d'installations fortement émettrices de CO2.
Deuxième enjeu, notre dépendance vis-à-vis des importations. Cette dépendance croît. D'ici à vingt ans en Europe, les importations couvriront 70 % des besoins de l'Union, contre 50 % aujourd'hui, si l'on n'a pas une politique volontariste en ce domaine.
Autre enjeu : les prix, qui augmentent. La part des dépenses d'énergie dans le revenu des ménages les plus pauvres est déjà passée de 10 à 15 % entre 2001 et 2006. Ce n'est pas lié seulement à l'augmentation des coûts d'approvisionnement. Simplement, la rentabilité financière devient une priorité en matière d'énergie. D'où l'exigence, je le répète, de mettre en oeuvre un pôle public de l'énergie.
Je suis persuadé que, dans tous les domaines que l'on va étudier, que ce soit l'éolien, l'hydroélectricité ou d'autres, le problème fondamental, c'est la pénétration des sociétés privées, qui ne peut avoir que des conséquences négatives sur la gestion de l'énergie dans notre pays.