21 interventions trouvées.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation d'accords entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement des Émirats Arabes Unis relatifs au musée universel d'Abou Dabi (nos 180, 239). La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie.
Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, le projet de loi qui vous est soumis vise à approuver trois accords signés le 6 mars 2007 entre la France et les Émirats Arabes Unis. L'accord principal fixe pour trente ans et six mois les conditions de la participation de la France à la création d'un musée universel à Abou Dabi. Deux accords additionnels précisent le régime de responsabilité et le régime fiscal de ce projet. La France, plus particulièrement le musée du Louvre, va jouer un rôle prépondérant dans cette aventure culturelle qui va faire appel à l'excellence des acteurs français de la politique muséale, qui recevront pour toute la période de validité de l'accord environ un milliard d'euros de la part des au...
C'est déjà pas mal. Le musée universel d'Abou Dabi disposera en effet d'oeuvres françaises, du moins au cours de ses premières années d'activité. La participation de l'Agence France-Museums à l'activité du musée est sans doute la partie la plus originale du projet de création d'un musée universel à Abou Dabi. À ce titre, il faut bien situer la portée des trois accords du 6 mars 2007. Ceux-ci n'organisent pas un partenariat pérenne entre le Louvr...
Madame la ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la création d'un musée universel à Abou Dabi représente une chance pour notre politique culturelle et l'ensemble de nos musées. Ce projet exceptionnel, qui garantit l'intervention pendant trente ans de nos meilleurs experts, apportera une ressource financière d'environ un milliard d'euros qui permettra le développement et le financement sur notre territoire de nouvelles actions culturelles. Ce projet a déclenché de très vives critiques et ...
Retiendra-t-on, pour figurer au fronton du musée d'Abou Dabi, cette belle affirmation d'André Malraux : « La vérité que cherche l'oeuvre d'art, c'est la vérité universelle de ce qui est singulier » ? A n'en pas douter, le musée qui est en train de naître des sables, sur la presqu'île luxuriante d'Abou Dabi, est en tout cas une aventure singulière à plus d'un titre, et remarquable à bien des égards. Singulière et remarquable, car ce musée est une manifest...
...un des plus beaux espaces du Palais. Signe supplémentaire de coopération, l'accord que nous allons ratifier prévoit que l'une des galeries du Pavillon de Flore réaménagé porte le nom d'une personnalité éminente des Émirats Arabes Unis, comme l'a rappelé M. le rapporteur. L'accord intergouvernemental que nous souhaitons ratifier prévoit, vous le savez, que le musée puisse s'appeler « Louvre Abou Dabi » jusqu'en 2037. Que n'avons-nous entendu à ce sujet ! Il convient donc, avant de refermer mon propos, de rappeler que ce nom de « Louvre », porté pendant les trente prochaines années, soulignera de façon visible l'ambition universelle de ce projet. Le rôle de l'expertise française dans la conception du nouveau musée est ainsi réaffirmé. Je rappelle enfin que l'usage du nom s'opère dans le resp...
« car là est bien l'essentiel ; définitivement, sans hésitation, par ce Louvre que nous allons élever ensemble sur ces terres lointaines, dans le commerce d'estime égale, d'intelligence, de compréhension, d'entente mutuelle, tout ce qui naît de l'artiste revient à nous par la considération de ses oeuvres. » Référence à la réputation et au savoir-faire du musée, le Louvre Abou Dabi participera au rayonnement international de la France et de notre politique culturelle, et représentera, pour reprendre la formule du président de la commission des affaires étrangères, M. Poniatowski,
...ous est présenté aujourd'hui ne saurait donner lieu à un énième épisode de la querelle des Anciens et des Modernes. Non, il n'y a pas, d'un côté, les Anciens conservateurs, égoïstes, protectionnistes, repliés sur leurs trésors et, de l'autre, les Modernes, forcément généreux, ouverts sur les autres et prêts à faire profiter le monde entier de nos oeuvres éclairantes. La question du Louvre d'Abou Dabi est certainement plus complexe. Elle mérite un débat lucide et approfondi, qui sache faire l'économie des caricatures et des affirmations simplistes, d'autant qu'il s'inscrit dans un contexte préoccupant d'où l'indispensable refondation de notre politique culturelle n'aura jamais été aussi absente. Jamais cette grand-messe qu'est la conférence budgétaire du ministre de la culture n'aura ressemblé...
En cela, ce projet du Louvre d'Abou Dabi est particulièrement ambitieux pour les Émirats arabes unis, qui souhaitent se positionner comme le centre culturel du monde arabe, et préparer ainsi leur entrée dans l'ère post-pétrolière. Mais il soulève de nombreuses questions qui restent encore sans réponse et sur lesquelles nous attendons aujourd'hui des éclaircissements de la part du Gouvernement. Notre première inquiétude concerne les dér...
...omaines touchant à l'activité muséale. Cette agence sera notamment chargée de fournir à la partie émirienne des prestations d'assistance et de conseil en matière de stratégie d'acquisition des collections permanentes du musée, de programmation des expositions temporaires, ou de recrutement et de formation du personnel. Dans le cadre de cette aide globale, le musée portera le nom de Louvre d'Abou Dabi pour une durée rendez-vous compte ! de trente ans et six mois. En attendant que le musée universel dispose de ses propres collections, la France s'engage à l'aider à ouvrir progressivement ses galeries au public en prêtant, sur dix ans, d'abord 300 oeuvres, puis, après trois ans d'activité, 250, puis, à partir de la septième année, 200. Cette opération promet d'être pour le moins lucrative, p...
...Dès lors, nos partenaires se contenteront-ils de pièces considérées comme mineures mais disponibles dans les réserves ou, à l'inverse, Français et touristes seront-ils privés, pour des périodes relativement longues, des quelques-unes des oeuvres majeures de notre patrimoine ? Par ailleurs, en ce qui concerne les personnels, si aucun conservateur, restaurateur ou régisseur n'est disponible à Abou Dabi, comment y garantir un accueil convenable du public, ainsi que la conservation et la diffusion des oeuvres prêtées par la France ? S'ajoute la question de la sécurité matérielle des oeuvres, notamment lors des transports, et plus largement celle de l'impact écologique du projet. Je tenais à appeler votre attention sur ce point qui n'a pas encore été évoqué, alors qu'on nous annonce, à grand renf...
Que penser, à ce titre, de la destruction d'une grande partie de la réserve naturelle de vingt-sept kilomètres carrés, sur laquelle doit être implanté ce projet ? Enfin, le contexte social et politique d'Abou Dabi soulève la question du choix des oeuvres qui composeront le parcours du musée. En témoigne la réponse de notre rapporteur en commission des affaires étrangères, confirmant que l'accord des organes de direction du musée universel est prévu donc requis avant qu'on puisse y présenter des oeuvres. Par conséquent, rien ne garantit qu'elle pourront toutes y être exposées.
... en ne s'inscrivant qu'en apparence dans le processus séduisant du déploiement hors les murs des grandes institutions culturelles françaises. En effet, il émane non de l'institution elle-même, mais d'une impulsion présidentielle, car c'est bien l'Élysée qui a demandé au Louvre de concevoir, de construire et d'organiser la muséographie d'un musée généraliste de 30 000 à 40 000 mètres carrés à Abou Dabi. Nous nous trouvons donc dans le cadre d'une négociation d'État à État qui, au-delà du rayonnement culturel de la France, pose la question de l'autonomie des institutions culturelles dans la définition de leur projet d'établissement, en lien avec leurs objectifs de service public. De plus, contrairement à d'autres projets culturels, comme celui du centre Georges-Pompidou à Shanghai, nous sommes ...
...s, notamment sur les contreparties accordées, surtout quand on songe au contexte budgétaire préoccupant des musées en régions, marqué notamment par la pauvreté des moyens financiers, le sous-effectif, ainsi que la marginalisation des compétences, des qualifications et des recrutements. De fait, les questions soulevées par notre groupe portent sur le sens et la finalité du projet de Louvre à Abou Dabi. En quoi contribue-t-il au rayonnement culturel de la France ? Au-delà de la simple aubaine financière qu'il représente, quel en est l'intérêt et quels en sont les risques ? Ses fondements sont-ils économiques et culturels ou sont-ils la contrepartie de projets industriels ? Je l'ai rappelé au début de mon intervention, l'internationalisation des institutions culturelles françaises est souhaitab...
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l'accord passé entre la France et les Émirats arabes unis relatif à la création d'un musée universel à Abou Dabi, dit « Louvre d'Abou Dabi », donne une figure inédite à la notion d'échanges culturels, traditionnelle dans la politique de coopération culturelle internationale de la France. Cet accord s'appuie, en effet, sur une interprétation entièrement nouvelle de l'idée de diffusion chère aux initiateurs de la politique culturelle depuis André Malraux. Par ailleurs, il remet en question les traditions q...
...de gravures et de séries archéologiques d'étude. Or, le versement par nos partenaires d'une contribution financière importante justifiera qu'ils exigent le dépôt temporaire et le prêt d'oeuvres de premier ordre, qui seront, dès lors, absentes des salles de nos musées. Madame la ministre, quelles dispositions comptez-vous prendre pour répondre aux attentes des partenaires du musée du Louvre d'Abou Dabi, sans amoindrir l'intérêt des collections du musée du Louvre pour ses visiteurs ? Ceux-ci sont attirés par la qualité des oeuvres exposées et pour de multiples raisons, ils ne pourront pas, ou ne voudront pas, faire le déplacement à Abou Dabi pour admirer les chefs-d'oeuvre nouvellement prêtés. Des interrogations subsistent également sur l'utilisation qui sera faite des crédits obtenus de l'étra...
Madame la ministre, en début d'année, la polémique battait son plein entre votre prédécesseur et des professionnels du monde des musées inquiets à l'idée que l'expérience d'Abou Dabi puisse aboutir à la création d'une nouvelle race de musées : les musées que l'on vendrait ! Quelques mois plus tard, il semble que les inquiétudes se soient apaisées, même si certaines questions demeurent, comme en témoignent les propos de nos collègues Bloche et Rochebloine. En effet, votre prédécesseur puis vous-même avez exercé une pédagogie qui a pu faire évoluer les mentalités face à la réa...
...ojet trouve son origine dans une négociation entre États, qui aborde en rafale (Sourires) la construction d'une île pour touristes fortunés, avec hôtels, golfs et musées, au nombre desquels le musée Guggenheim, dont, au passage, la mission a pu « apprécier », lors de sa visite à Bilbao, l'exposition de mobylettes, ainsi que la moto de James Dean ! Pourquoi pas, en effet, le musée du Louvre à Abou Dabi ? Tout cela n'est probablement qu'un aspect mineur d'une négociation plus ample. Ce qui me gêne, c'est que le projet soit imposé au Louvre. Si encore il l'était par son ministère de tutelle, ce serait une limite tout à fait acceptable à l'autonomie souhaitée pour les musées, pour autant que ce projet s'inscrive dans une politique clairement identifiée. L'est-elle en l'espèce ? Rien n'est moins sû...
Nous sommes dans cet hémicycle pour examiner l'accord de ce musée universel d'Abou Dabi, du Louvre d'Abou Dabi. Le projet est présenté comme une nouvelle étape du rayonnement de la France, des musées français à travers le monde. M. Patrick Bloche a rappelé précédemment que le fait de garantir, d'élargir l'influence française, nous tenait, toutes tendances confondues, particulièrement à coeur. C'est encore plus vrai pour lui, qui a tenu personnellement à étendre l'influence françai...
Notre deuxième désaccord concerne les supposées réserves du Louvre, car lorsqu'on y regarde de plus près, l'on s'aperçoit que ces réserves ne sont, en fait, pas si importantes qu'on a bien voulu le dire. Se pose donc la question de savoir si le musée d'Abou Dabi se satisfera d'oeuvres mineures, notre crainte étant de voir partir des pièces majeures. Notre troisième désaccord porte sur la question du transport et de la conservation des oeuvres. Par définition, une oeuvre est unique. Il s'agit donc de prendre toutes les précautions afin qu'elle ne se dégrade pas au cours de son transport, d'où une certaine appréhension de notre part. S'agissant de l'accè...