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Philippe Tourtelier
Question N° 69800 au Ministère de la Santé


Question soumise le 26 janvier 2010

M. Philippe Tourtelier attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur l'augmentation de l'infertilité dans notre pays. Depuis plusieurs années déjà des études ou recherches scientifiques nous alertent sur le « déclin » de la fertilité humaine, ses causes et ses conséquences pour les femmes et les hommes qui souhaitent avoir un enfant. Certains spécialistes expliquent la détérioration de la santé reproductive par des raisons liées à l'activité humaine, l'impact de la détérioration de l'environnement, les pollutions chimiques et autres facteurs du mode de vie contemporain. Si des facteurs génétiques nouveaux peuvent être à incriminer, les causes de l'augmentation des anomalies constatées sont en effet de plus en plus recherchées parmi les facteurs environnementaux, les activités industrielles, agricoles ou même domestiques et individuelles. La société prend de plus en plus en compte les répercussions de cette situation sur le climat et la biodiversité, beaucoup moins sur la fertilité humaine. Pourtant, au quotidien, 10 % à 15 % de couples rencontreraient des difficultés pour concevoir un enfant et consulteraient pour infertilité. Ces personnes sont amenées à recourir à différents traitements et techniques médicales, de la stimulation ovarienne à l'assistance médicale à la procréation (AMP) ou la fécondation in vitro (FIV). Toutes ces questions sont à examiner en termes de santé publique et dans le cadre de la révision attendue des lois de bioéthique. Les travaux des états généraux qui se sont déroulés l'an dernier ont abordé cette question. C'est pourquoi il lui demande de lui faire part des résultats de ces travaux au regard des interrogations soulevées et, par ailleurs, de l'informer des connaissances actuelles concernant les causes de la croissance de l'infertilité en France et du recensement des moyens permettant de la prévenir.

Réponse émise le 22 juin 2010

Le nombre de couples consultant pour des problèmes d'infertilité ou de stérilité est en progression. Les spécialistes affirment que la première cause des problèmes d'infertilité est l'âge tardif du désir de procréation. En effet, en France, comme dans d'autres pays d'Europe, l'âge de la première grossesse est en recul et se situe actuellement autour de trente ans alors que la fertilité décroît avec l'âge. Aux grossesses tardives s'ajoutent la chute, aujourd'hui avérée, de la fertilité masculine et les divers problèmes de stérilité féminine et masculine. Plusieurs études récentes ont souligné l'accroissement des problèmes d'infertilité chez les hommes, suggérant un lien avec des facteurs environnementaux et notamment avec l'exposition à certains produits toxiques, le tabac étant le principal de ces facteurs chez l'homme (impuissance, baisse de la fertilité) et chez la femme, le fait d'être fumeuse multiplie par deux le risque d'être infertile. Un colloque sur ce sujet a été organisé en novembre 2008 par les ministères chargés de la santé et de l'écologie, l'Institut de recherche en santé publique et l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail. Toutefois, selon les spécialistes, les causes exactes de la diminution la fertilité individuelle des hommes sont difficiles à mettre en évidence. Le mode de vie, le stress, l'alimentation, la diminution de l'exercice physique auraient aussi leur part de responsabilité. Fin 2008, la communauté des « spécialistes de la femme » (gynécologues-obstétriciens et gynécologues médicaux) a lancé un appel conjoint à tous les médecins français pour leur rappeler l'importance de la chute de la fertilité avec l'âge et attirer l'attention tant des médecins que des femmes sur les risques des grossesses tardives. Le collège national des gynécologues et obstétriciens français a lancé en mars 2009 une campagne d'information sur tout le territoire. Son déploiement est encore en cours. Le rapport remis par l'office parlementaire des choix scientifiques et technologiques appelle à une campagne d'information et de prévention sur les effets néfastes de l'âge sur la fertilité. À la suite de la publication de ce rapport, le conseil d'orientation de l'Agence de la biomédecine, en collaboration avec l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, s'est saisi de la question. Dans une réflexion préalable à toute action, il considère que le plus important est de rappeler aux jeunes couples qu'en matière de procréation « le temps perdu ne se rattrape pas toujours ». Il ajoute qu'il faut cependant être vigilant car la bienfaisance du message ne doit pas heurter l'autonomie des personnes. En effet, ainsi que cela est souligné dans le rapport de la mission parlementaire sur la révision des lois de bioéthique, une telle information, délivrée aux femmes et aux couples, ne doit pas être perçue comme une injonction à procréer. Une saisine du Comité consultatif national d'éthique sur les modalités de mise en oeuvre d'une telle information est d'ailleurs préconisée par la mission. Ce même rapport propose de développer la recherche sur les causes de l'infertilité, notamment environnementales et sanitaires.

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