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Christian Ménard
Question N° 126325 au Ministère des Solidarités


Question soumise le 17 janvier 2012

M. Christian Ménard attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la cohésion sociale sur l'augmentation des cas d'expulsions arbitraires de résidents désorientés ou en perte d'autonomie dans les EHPAD observée par les associations de personnes âgées et leurs familles. Ces dernières trouvent souvent leur origine dans l'existence d'un conflit entre l'établissement et des membres de la famille alors que le résident s'est toujours avéré respectueux du règlement de fonctionnement et du contrat de séjour de l'établissement. Ces expulsions peuvent être à l'origine de chocs psychiques et affectifs avec des conséquences quelquefois dramatiques. L'EHPAD étant reconnu comme domicile légal du résident, ce dernier ne devrait-il donc pas être protégé d'une expulsion au même titre que toute autre personne domiciliée en France ? Ce qui amène, par ailleurs, la question de l'utilité d'un encadrement des procédures de changement de structures pour raisons médicales ainsi que la possibilité d'un appel de cette décision par la famille, lui permettant de faire valoir ses droits. Le délai (souvent 30 jours) pour trouver une solution de remplacement est très (trop) court et n'offre pas toujours des conditions de relogement satisfaisantes (services adaptés, proximités, tarifs, etc.). Il lui demande de bien vouloir préciser quelles dispositions elle entend prendre en la matière.

Réponse émise le 3 avril 2012

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a, depuis de nombreuses années déjà, émis un certain nombre de textes et recommandations sur ce sujet délicat. En effet, il existe deux recommandations : la recommandation n° 08-02 relative aux contrats proposés par certains établissements hébergeant des personnes âgées et non habilités à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale et la recommandation n° 85-03 relative aux contrats proposés par les établissements hébergeant des personnes âgées. Les services déconcentrés de la DGCCRF diligentent des contrôles fréquents sur le respect de ces recommandations dans les Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). En outre, la DGCCRF a contrôlé les contrats de séjour type des gestionnaires privés à but lucratif. Par ailleurs, les Agences régionales de santé (ARS) et leurs délégations territoriales, dans le cadre de leur comité de suivi des plaintes, peuvent être amenées à travailler en étroite collaboration avec les directions départementales de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF). Dans le cadre des visites de renouvellement des conventions tripartites, les délégations territoriales des ARS ont un droit de regard sur les contrats de séjour proposés. La recommandation° 85-03 de 1985 prévoit : qu’un exemplaire du contrat soit remis au consommateur avant sa conclusion, de telle sorte que celui-ci puisse en prendre connaissance avant d'y donner son consentement ; que le contrat soit signé par le consommateur au bas des clauses impliquant des obligations pour lui ; que les contrats comportent les mentions ou informations suivantes : le cas échéant, conditions de santé ou de ressources auxquelles est subordonnée l'admission ; la date d'effet du contrat, durée et modalités de renouvellement ou de résiliation par l'une ou l'autre des parties. Ainsi, dès l’entrée dans la structure, la personne âgée doit être pleinement informée que, si son état de santé est incompatible avec la prise en charge proposée, il conviendra qu’elle change d’établissement. La personne ou son représentant légal connaît les modalités de renouvellement ou de résiliation par l’une ou l’autre des parties et ce, dès l’admission dans l’EHPAD, notamment pour les aspects qui concernent sa santé. En outre, cette recommandation stipule « que soient éliminées des contrats proposés par des établissements hébergeant des personnes âgées les clauses ayant pour effet ou pour objet : 7° de permettre au professionnel de ne pas renouveler un contrat à durée déterminée ou de résilier un contrat à durée indéterminée pour des motifs autres que sérieux et légitimes, notamment si le consommateur est de mauvaise foi, ne répond plus aux critères fixés contractuellement lors de son admission ou est absent de l'établissement plus de quatre mois par an ; 8° de prévoir que la résiliation du contrat en cas d'inexécution par le consommateur de ses obligations, et notamment de retard de paiement, prenne effet moins d'un mois après qu'il a été mis en demeure de s'exécuter par lettre recommandée avec avis de réception ; de permettre au professionnel, dans les autres cas de résiliation ou de non-renouvellement par celui-ci, de donner congé avec un délai de préavis inférieur à trois mois, sans le notifier au consommateur par lettre recommandée avec avis de réception, sans lui en indiquer le ou les motifs précis, sans lui donner la possibilité d'en contester éventuellement le caractère sérieux et légitime devant le conseil de maison s'il en existe un ou toute autre instance paritaire ; de permettre l'éviction du consommateur lorsque les événements qui motivent la résiliation du contrat sont le fait du professionnel ou indépendants de la volonté du consommateur, sans qu'un hébergement correspondant aux besoins et possibilités de ce dernier lui ait été proposé. ». Ces dernières recommandations garantissent des droits aux résidants des établissements. Ainsi, la résiliation du contrat doit être motivée et faire l’objet d’une lettre avec accusé réception. Elle doit stipuler une mise en demeure avec un délai. Le gestionnaire est tenu de respecter ces procédures. Le délai de préavis doit être d’au moins trois mois. Le résidant doit pouvoir saisir le conseil de la vie sociale de l’établissement. Il peut aussi, et c’est une autre disposition introduite par la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, faire appel à une personne qualifiée qu’il choisit sur une liste établie conjointement par les autorités de contrôle, afin de l’aider à faire valoir ses droits (article D.311-5 du code de l’action sociale et des familles). Ensuite, cette personne rend compte de ses interventions à toutes les parties et aux autorités de contrôle. Enfin, un EHPAD qui n’a plus les moyens de prendre en charge une personne âgée dont l’état de santé s’est dégradé a l’obligation de lui proposer un hébergement correspondant à ses besoins. Il existe donc des dispositions dans le code de l’action sociale et des familles et des dispositions émanant de la DGCCRF qui protègent la personne âgée dépendantes résidant en établissement. En tout état de cause, le délai de 30 jours pour trouver un autre établissement est illégal.

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