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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 9 octobre 2008 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Avant l'article 1er, amendement 595

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

L'homme a bien fait un rêve prométhéen : il pourrait toujours commander à la nature.

L'histoire de la disparition de la mer d'Aral en est une bonne illustration. Après qu'un fleuve qui l'alimentait a été détourné pour permettre de développer la culture du coton en Ouzbékistan, la mer d'Aral a disparu. Désormais, il n'y a plus ni mer ni eau pour la culture du coton, mais l'islamisme avance. Heureusement, aujourd'hui, nous en sommes revenus à des conceptions plus équilibrées : l'homme a compris que le productivisme sans limites était destructeur de l'humanité.

Madame la secrétaire d'État, vous avez commencé par donner raison à M. Letchimy, c'était un bon début, pourtant vous n'avez pas poursuivi dans la même voie. L'amendement n° 595 défend le principe selon lequel il n'est pas possible de voter un texte comme ce projet de loi sans qu'il ait des implications en matière de relations internationales. J'ai entendu cette semaine M. Pascal Lamy – de passage à Paris, il a participé à de nombreux forums et débats – tenir un propos cohérent et structuré affirmant qu'il fallait continuer de supprimer les barrières au commerce international. Comme si le fait de les avoir déjà supprimées sans réfléchir n'avait pas produit suffisamment de dégâts ! Au contraire, il ne faut pas supprimer les barrières mais en définir de nouvelles qui constitueront un juste équilibre entre la protection nécessaire et l'ouverture. Or avec l'OMC, telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, les protections n'existent plus. Ainsi, nous nous trouvons régulièrement dans l'obligation de retirer du marché des produits dont on s'aperçoit, alors qu'ils sont déjà en vente, qu'ils ne respectent pas les normes.

Madame la secrétaire d'État, vous voulez que nous balayions devant notre porte avant de le faire devant celles des autres. Je propose pour ma part, dans la continuité des propos de M. Dionis du Séjour, un « samedi communiste » : balayons en même temps devant toutes les portes ! Si vous ne pratiquez pas ainsi, vous rendrez encore plus inégales les conditions de la concurrence économique. Vous imposerez à notre seul pays des normes qui renchériront les conditions de production. Or il faut édicter des normes applicables à tous, non seulement sur le plan environnemental, mais aussi sur le plan social. Alors il sera possible de poser les fondements d'une nouvelle mondialisation.

Madame Kosciusko-Morizet, vous avez renoncé à faire ce choix. Et je vous le dis avec toute la sympathie et la considération que je vous porte : ne vous habituez ni au renoncement ni à l'abnégation qui mène à l'abdication !

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