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Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du 8 novembre 2007 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Si le Président de la République a la conviction personnelle que les dispositions restant dans le traité modificatif ont fait l'objet d'une approbation implicite des Français, encore faut-il qu'il s'en assure en organisant un nouveau référendum tendant à obtenir leur accord explicite. Est-ce là la politique européenne que le Gouvernement va mettre en place, sous le couvert de l'action extérieure de l'État ? Dans ces conditions, il n'est guère surprenant que le budget n'ait prévu aucun crédit pour la mise en place d'une politique étrangère de lutte contre les paradis fiscaux en Europe.

La politique étrangère concernant l'aide publique au développement suit la même logique. Et, même si votre ministère a été dépouillé de ce domaine d'intervention, je souhaite l'aborder ce matin, monsieur le ministre. Dans son rapport de 2005, le programme des Nations unies pour le développement indiquait déjà que le monde se dirigeait tout droit vers une catastrophe annoncée en matière de développement humain, dont les coûts – vous ne le savez que trop bien – se compteraient en millions de décès évitables et en millions d'enfants non scolarisés. Cette régression constitue une vraie menace pour la paix et la sécurité internationales, comme l'a souligné l'ancien secrétaire général de Nations unies, M. Boutros Boutros-Ghali.

Plus de 100 millions d'enfants n'ont jamais mis les pieds dans un établissement scolaire, ne serait-ce qu'à l'école primaire, et ne possèdent donc pas la moindre bribe d'instruction qui puisse leur être utile un jour et 10 millions d'enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de causes qui auraient pu être évitées.

La pandémie de sida continue ses ravages et, conjuguée au paludisme, à la tuberculose et à d'autres maladies, ralentit l'allongement de l'espérance de vie.

Les infrastructures et les ressources naturelles sont soumises à des pressions grandissantes sous l'effet de la croissance démographique et de l'augmentation de la consommation mais aussi aux programmes macroéconomiques décidés par les pays développés et par des institutions comme le FMI et la Banque mondiale, dont la politique consiste essentiellement à l'anéantissement des services publics.

Selon le rapport sur les indicateurs du développement humain de 2006 du programme des Nations unies pour le développement, deux personnes sur trois sont privées de l'accès à l'eau salubre et survivent avec moins de 2 dollars par jour, plus de 660 millions d'hommes et de femmes vivent avec moins de 2 dollars par jour et plus de 385 millions avec moins d'un dollar par jour. Ces chiffres nous parlent de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les populations les plus pauvres des pays du sud.

Les dramatiques événements que vivent les migrants africains et autres, sur lesquels on ouvre le feu alors qu'ils tentent de passer une frontière ou qu'on abandonne en plein désert, illustrent de façon sanglante les obligations qui sont les nôtres.

Le budget que le Gouvernement nous propose pour l'action extérieure de la France n'est autre que le renforcement de la politique néolibérale et de l'alignement sur la politique nord-américaine. Il est fort à craindre que l'action extérieure se limite à renforcer cet ordre international de la misère et de l'exclusion juridiquement organisée. Nous ne pouvons donc que rejeter clairement ce budget. Nous ne pouvons en aucun cas le cautionner.

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