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Intervention de Yves Nicolin

Réunion du 1er mars 2012 à 15h00
Enfance délaissée et adoption — Article 1er, amendement 8

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Nicolin :

Bien évidemment, madame Barèges, nous sommes, les uns et les autres, très sensibles à cette question. Nous pourrions les uns et les autres, comme l'a dit Mme la rapporteure, comme l'a dit Mme la secrétaire d'État, trouver des cas qui nous émeuvent et qui devraient nous inciter à vous suivre. Je pourrais cependant évoquer aussi d'autres cas, qui nous incitent à ne pas vous suivre.

Vous avez tout à l'heure cité le témoignage d'un homme né sous X. Sa situation est sûrement un drame pour lui, une douleur insurmontable, mais, cette douleur, s'il n'avait pas existé, s'il n'était pas né, où serait-elle ? Si sa mère n'avait pas eu la garantie qu'elle disparaîtrait à jamais de sa vie, serait-elle allée au terme de sa grossesse ? Voilà la vraie question. Si nous voulons garantir à des femmes qui se retrouvent dans une situation particulière, qui ne veulent pas, justement, aller vers l'avortement, qui veulent, au contraire, aller au bout de leur démarche, et peut-être donner à un enfant la chance d'avoir une autre famille, qui ne pourra pas être sa famille biologique, il faut qu'il y ait le secret.

Avec cette épée de Damoclès, ce secret qui, le jour de la majorité de l'enfant, n'en serait plus un, l'enfant, c'est un risque, ne verrait pas forcément le jour.

Vous avez donné d'autres arguments qui m'ont un peu plus choqué. Vous dites que l'enfant né sous X ne peut pas, par exemple, savoir s'il a des antécédents diabétiques, mais c'est le cas de l'immense majorité des enfants adoptés ! Je suis père de trois enfants adoptés et, pour deux d'entre eux, nous ne savons rien de leurs origines ou de la problématique médicale qui pourra éventuellement être la leur. Et alors ? C'est la vie ! Malheureusement, elle n'est pas un chemin tracé à l'avance et éclairé de projecteurs jusqu'à son terme. La vie est faite d'imprévus, elle est faite de malheurs, elle est faite de joies, et l'adoption est une véritable joie, avec sa part de secret et d'ignorance que nous ne pourrons complètement dissiper. Bien évidemment, tel enfant adopté aimera savoir pourquoi il est infertile, tel autre pourquoi il est atteint d'une maladie précise, et on ne le saura pas ; cela fait partie de la vie.

Par ailleurs, comme l'a dit Mme la rapporteure, nous avons très souvent et très longuement débattu de ce problème de l'accouchement sous X. Jusqu'à présent, même si la France est l'un des rares pays qui soient dotés d'une telle législation, nous avons trouvé un certain équilibre. Le remettre en cause, en raison d'un cas particulier, ne me paraît pas de nature à permettre un progrès. Peut-être règlerions-nous le problème de l'enfant que vous avez cité, mais nous risquerions d'en créer beaucoup d'autres à côté.

Je suis donc défavorable à votre amendement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP et sur les bancs du groupe SRC.)

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