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Intervention de Yves Albarello

Réunion du 29 avril 2008 à 15h00
Archives du conseil constitutionnel archives — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Albarello :

Dans notre histoire, certains sujets divisent et ont parfois donné naissance, sur le plan politique, à des drames affreux, y compris au xxe siècle dans un passé récent, notamment au cours des six dernières décennies. Toutes les blessures et cicatrices causées par ces drames ne sont pas encore refermées, et les lois dites mémorielles, assorties quelquefois de la prétention de vouloir imposer une vérité officielle dans le domaine de la recherche historique, ne sont pas une solution.

En revanche, c'est presque toujours dans les archives, étudiées objectivement, scientifiquement, avec méthode et respect, que la bonne réponse se trouve. Que serait notre connaissance de la Shoah ou du régime de Vichy si nous n'avions pas les magnifiques travaux de Serge Klarsfeld et de tant d'autres historiens qui, avec abnégation, compétence, objectivité et responsabilité, ont dépouillé les archives nationales, départementales et locales, travail ingrat s'il en est ?

Je tiens à rappeler combien notre administration française des archives est en tout point remarquable. Elle est sans doute la meilleure au monde, non pas sur le plan technique, car elle manque de moyens matériels, comme chacun le sait, mais sur le plan intellectuel et pour ce qui concerne son objectivité.

Les meilleurs de nos archivistes sont d'anciens élèves de l'École nationale des chartes, établissement d'enseignement supérieur d'un niveau exceptionnel qui a formé, en même temps que nos conservateurs, d'éminents historiens dont la compétence, la science et l'érudition sont reconnues dans le monde entier. Parmi bien d'autres, Jean Favier, André Chamson, Charles Braibant ou Alain Erlande-Brandenburg ont porté partout le rayonnement de nos archives, en même temps qu'ils étaient reconnus comme grands historiens et fins connaisseurs en matière d'art.

Nos archivistes font également preuve d'une objectivité irréprochable ; ils sont neutres, ils ne prennent pas parti et connaissent mieux que quiconque les impératifs du devoir de réserve. Jamais on n'a pu leur reprocher d'avoir failli à cette exigence rigoureuse. Voilà pourquoi, les archives, notamment les archives nationales, sont dépositaires de fonds particulièrement sensibles, tels que ceux relatifs à la franc-maçonnerie ou à la famille d'Orléans, ainsi que du fichier des juifs et de bien d'autres documents encore.

Par ailleurs, le fonctionnement des archives est suffisamment souple pour permettre la conciliation des intérêts réciproques de la conservation publique et des déposants.

Ce projet de loi, madame la ministre, aurait dû faire l'unanimité pour une seconde raison : vous-même et le Gouvernement, en communion d'esprit avec le Président de la République, répondez à une immense attente de la population française de plus en plus passionnée par notre passé, de très nombreux exemples le montrent.

Nos concitoyens veulent savoir, nos jeunes veulent savoir et cette soif de connaissance vise la connaissance vraie et objective, sans rapport avec la désinformation, ou l'information retouchée au nom de la rentabilité médiatique quotidienne dont nous sommes malheureusement trop souvent abreuvés. Nos concitoyens veulent, de plus en plus, retrouver notre passé, et ils savent qu'il se trouve dans les archives. Ils s'intéressent à notre passé collectif, bien sûr, avec ses grands moments tels que l'affaire Dreyfus, la Grande guerre – dont nous venons d'enterrer avec les honneurs le dernier combattant, Lazare Ponticelli –, les années sombres de l'Occupation, la guerre d'Algérie et aussi l'histoire plus ancienne, même si elle est souvent une affaire de spécialistes. Cependant le passé familial et individuel est également concerné avec l'extraordinaire engouement que ressent aujourd'hui un nombre considérable de Français pour la généalogie, comme le rappelait tout à l'heure mon collègue Philippe Gosselin.

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