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Intervention de Michèle Delaunay

Réunion du 8 février 2012 à 10h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Delaunay :

Je ne partage pas la satisfaction de Bernard Perrut sur la mise en oeuvre des politiques de prévention dans lesquelles l'État, en charge de la santé publique, a un rôle majeur à jouer. Un fait capital ne doit pas être méconnu : notre médecine est en train de basculer. Si les maladies lésionnelles ou infectieuses régressent globalement, les hôpitaux voient se développer des maladies sociétales, comportementales. Elles sont évitables et relèvent de ce fait de la santé publique. Malheureusement la progression de ces pathologies est considérable.

Autre constat, une grande loi de santé publique est évoquée depuis le début de la législature, et en particulier lors de la discussion de la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, de même qu'une loi sur la dépendance, nous les attendons encore. Cette dissociation entre le dire et le faire conduit à regretter que ce rapport n'ait pas été plus incitatif.

En matière de santé publique, tout le monde s'accorde sur les propositions, comme celle consistant à favoriser les bons comportements, à repérer et à soutenir les actions utiles, mais ce genre de remarques pourrait figurer dans tous les rapports. Il serait souhaitable de faire des suggestions qui sortent de l'ordinaire.

Par exemple, l'éducation à la santé en milieu scolaire, que vous préconisez, devrait être plus tonique : l'éducation sanitaire et environnementale, qui pour moi est la même chose, devrait être un des savoirs fondamentaux de l'école et ce dès le plus jeune âge, comme c'est le cas dans les pays du Nord.

De même, et je m'oppose parfois sur ce point à certains de mes collègues dans mon propre groupe, il faut savoir transgresser cette règle inscrite dans le code de la santé publique selon laquelle seules les vaccinations et les actes médicaux concernant les maladies infectieuses sont obligatoires. Certains processus de prévention, comme la prévention secondaire et le dépistage, ne touchent que les personnes les mieux informées et n'atteignent donc pas celles auxquelles ils devraient être d'abord destinés. C'est par exemple le cas du suivi et des soins buccodentaires pour les enfants, qui fait consensus contrairement à d'autres.

J'aurais également souhaité que soit davantage soulignée la prévention du vieillissement. Ce n'est bien sûr pas une maladie évitable : ce n'est pas une maladie et le vieillissement est inéluctable. Mais il est possible de prévenir le vieillissement dans de mauvaises conditions, qui malheureusement dépend d'abord du niveau de revenus des personnes âgées.

Le dépistage et la prévention des maladies mentales n'ont pas été évoqués. Or ils doivent être un axe majeur d'une politique de santé publique, les maladies mentales prenant actuellement un caractère pratiquement épidémique.

Dernier point, vous avez rappelé à juste titre la dispersion des initiatives, et il est notoire qu'un grand ministère de la santé publique et de la santé durable ainsi qu'une intégration de ces différentes composantes de la prévention que sont la santé scolaire et la santé au travail seraient nécessaires.

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