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Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 25 janvier 2012 à 16h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Avoir organisé ce débat est une très bonne initiative. Les économistes ont eu raison de dire que la crise de l'euro est surtout due à l'absence totale de solidarité européenne en matière financière, solidarité à laquelle les marchés financiers ont pourtant cru pendant des années puisque les taux convergeaient vers le taux allemand. Les chefs d'Etat proclament à tort que les eurobonds constituent un aboutissement ; ils auraient dû être un préalable puisque l'une des raisons de la crise tient à notre incapacité à réagir quand un pays est attaqué, faute de prêteur en dernier ressort. Notre dette, même considérable, reste inférieure à celle des Etats-Unis ou du Japon. Mais, si l'on peut la réduire quand les taux sont à 1 %, la hausse des taux compromet le désendettement.

Le deuxième problème est l'absence de solidarité politique ; les politiques économiques n'ont jamais été coordonnées. Je rappelle que coordination ne signifie pas convergence – l'Union a pourtant constamment confondus les deux termes. Aujourd'hui, les politiques économiques convergent totalement, ce qui est une absurdité au plan macroéconomique. Une coordination intelligente voudrait que les pays excédentaires tirent la croissance pendant que les pays déficitaires mèneraient une politique restrictive. La configuration rappelle les années trente, pendant lesquelles chacun menait une politique calquée sur celle du voisin au nom de son intérêt individuel, sans mesurer qu'une telle convergence enfonçait le continent dans la crise.

M. Sapir a énoncé une évidence quand il a déclaré que la règle d'or n'avait aucun sens économique. Nous avons eu la chance d'avoir un traité, celui de Maastricht, qui fixait des critères intelligents, puisqu'il existe une formule puissante, sur laquelle, et c'est sans doute la seule, les économistes sont d'accord : compte tenu du taux de croissance et de l'inflation, on peut déterminer le déficit qui permet de stabiliser la dette. C'est ainsi que l'on a fixé les plafonds de 3 % et de 60 % du PIB. Mais plafonner dans un traité institutionnel le déficit structurel à 0,5 % du PIB est une absurdité qui revient, comme dans l'exemple autrichien, à graver dans le marbre une considération purement conjoncturelle. Bien sûr, il faut réduire la dette et même, sans doute, dégager des excédents budgétaires, mais c'est seulement une affaire de volonté et de courage politique. Les traités ne doivent comporter que des ambitions de long terme. Les économistes ont-ils calculé les différents scénarios de croissance et de dette, compte tenu d'un déficit à 0,5 % ?

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