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Intervention de Guy Quievryn

Réunion du 12 avril 2011 à 16h45
Commission d'enquête sur la situation de l'industrie ferroviaire française: production de matériels roulants voyageurs et frets

Guy Quievryn, CFDT, membre du comité stratégique de filière :

Nos propositions pour l'industrie ferroviaire s'inscrivent dans le cadre d'une vision globale de l'économie : la CFDT n'a jamais voulu séparer l'économique et le social, qu'elle considère comme deux facettes indissociables du développement.

Du reste, la crise a démontré qu'une économie dépourvue de régulation publique et reposant sur le seul critère du rendement financier mettait en péril l'ensemble de la société. Elle a donc contribué à réhabiliter le rôle de l'État et de ses représentants en tant que garants de la cohésion sociale et des enjeux économiques de long terme.

S'il nous paraît salutaire que l'on se saisisse de la question industrielle, la solution ne peut résider, selon nous, ni dans le retour d'un État interventionniste et entrepreneur, ni dans un repli national. Notre développement reposant, en grande partie, sur la capacité exportatrice de nos entreprises, il faut travailler sur tout ce qui favorise, de manière transversale, le développement industriel – la recherche et développement (R&D), la formation, les infrastructures et la fiscalité.

La dimension européenne s'impose, par ailleurs, pour un grand nombre de thèmes essentiels en matière de politique industrielle : le développement d'une stratégie industrielle intégrée, les brevets et la propriété industrielle, le programme cadre de R&D, la politique énergétique, la mobilité, l'environnement et la fiscalité. On ne peut pas ignorer, par exemple, le paquet « climat-énergie », ni le risque de dumping fiscal, social et environnemental qui est élevé.

La France doit en conséquence s'engager en faveur d'une meilleure convergence européenne des politiques menées. Nous devons participer à la mise en place de schémas de co-entreprises et de coopérations, en nous appuyant sur nos atouts actuels. J'observe, en particulier, que nous avons besoin d'un axe franco-allemand fort dans le domaine ferroviaire, tout en rassemblant d'autres partenaires européens. Il conviendrait également de parvenir à proposer des offres complètes, c'est-à-dire « clés en main », tant pour le matériel roulant que pour les infrastructures et la maintenance, ce qui n'est possible que dans le cadre d'une coopération européenne.

J'en viens au développement durable, devenu un facteur essentiel pour la croissance et la compétitivité. Force est de constater que la « croissance verte » n'a été que marginalement prise en compte dans le cadre des États généraux de l'industrie dont l'articulation avec le Grenelle de l'environnement est quasi inexistante. Nous devons veiller à lui conférer une place centrale et à coordonner tous les instruments incitatifs, notamment la formation et les outils fiscaux. Il s'agit tout particulièrement de concilier les mesures fiscales destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre et le développement industriel.

Afin de nous orienter vers une nouvelle politique en faveur de l'industrie ferroviaire, nous devons, en outre, accorder au dialogue social la place qui, à l'évidence, lui revient, si l'on veut conjuguer la dimension sociale et la dimension économique. Pour la CFDT, il est urgent d'améliorer les coopérations interentreprises dans un objectif de compétitivité globale, en associant les donneurs d'ordres, les sous-traitants et les fournisseurs ; de soutenir financièrement les entreprises, en particulier les PME et les TPE ; de disposer d'une R&D porteuse d'avenir ; de créer des conditions favorables à la prévision des compétences et des emplois de demain en vue d'assurer l'adaptation des secteurs concernés, voire de créer de nouveaux gisements d'activités et des filières de formation aux métiers du ferroviaire.

Il convient également d'investir de nouveau dans la formation pour la qualification des salariés – les métiers changent, mais les qualifications se conservent pendant tout la vie –, et de veiller à mieux répartir la valeur ajoutée : seuls les bénéficiaires des hauts salaires et des dividendes ont profité de l'intéressement aux bénéfices, bien souvent au détriment de l'investissement, de l'emploi et de la formation. Redonner aux investissements la place qui leur revient, tout en valorisant les qualifications et les salaires nécessaires à l'avenir de la filière, est donc impératif.

En dernier lieu, il importe de reconnaître le dialogue social comme tremplin de la performance : au lieu de considérer les salariés comme des coûts et des charges, il faut les associer aux choix stratégiques des entreprises. Une telle évolution influerait positivement sur leur motivation et leur performance.

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