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Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 9 juin 2010 à 19h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton :

Monsieur Marc Girard, merci de votre témoignage. Je tiens à m'étonner, avec colère, que notre assemblée n'ait pas débattu de la directive sur la pharmacovigilance.

J'ai été alertée très tôt par le collectif Europe et Médicament qu'une circulaire délétère était en préparation à Bruxelles. La commission des affaires européennes de notre assemblée a été jugée seule habilitée à statuer sur cette circulaire, sur le rapport de Mme Valérie Rosso-Debord. Cependant, cette commission ne comporte, à gauche comme à droite, aucun spécialiste de pharmacovigilance. Je m'en suis émue très vite au sein de la commission des affaires sociales, demandant que celle-ci soit au moins saisie pour avis.

Je tiens à alerter mes collègues : ce qui se prépare à Bruxelles est très grave. Les laboratoires pharmaceutiques ont fait auprès des instances européennes un important lobbying en vue de réduire la phase de développement et d'essais cliniques, puis d'assurer les plans de gestion de risques et le suivi des effets secondaires, pour s'approprier le recueil et la libération des effets secondaires – ce qui peut éventuellement se traduire par le retrait du marché. On ne saurait imaginer conflit d'intérêts plus flagrant.

Aujourd'hui, tous les centres de pharmacovigilance sont alertés et reprochent vigoureusement à notre assemblée la manière dont elle a traité cette question. Je ne reproche pas, quant à moi, à mes collègues de la commission des affaires européennes d'avoir rendu un avis, car on ne peut pas tout connaître, mais je sais que, pour ma part, ne connaissant pas bien les affaires étrangères, je ne manquerais pas de demander, si j'en avais besoin, l'avis de spécialistes. Nous avons fait une très grave erreur et sommes en train de livrer la pharmacovigilance européenne aux industries pharmaceutiques. Il serait fort étonnant que ces entreprises fassent retirer l'un de leurs produits du marché après quelques mois d'utilisation, quels que soient les effets secondaires. Elles ne libéreront ceux-ci que lorsqu'elles auront rentabilisé ces produits.

Cette affaire me reste d'autant plus en travers de la gorge que le débat était soumis à une date butoir et que, bizarrement, au mois de novembre, la commission des affaires sociales n'a pas pu se réunir le dernier mercredi où elle aurait pu se saisir du dossier.

J'en viens à mon deuxième point, qui est une question. Face à une telle pandémie et à l'urgence de la mise sur le marché des vaccins, je me suis d'emblée beaucoup préoccupée des modèles. On nous a expliqué que, puisqu'il existait un vaccin contre la grippe saisonnière, on pouvait en extrapoler le modèle à destination des adultes. Il ne me semble en revanche guère justifié d'avoir extrapolé à destination des enfants ce modèle qui n'existait pas pour leur âge. À l'exception peut-être de quelques centaines d'enfants très gravement malades ou cardiaques que l'on vaccine du reste par demi-doses, comment expliquer que l'on puisse envisager avec autant de légèreté de vacciner les enfants de six à vingt-quatre mois, qui sont déjà abondamment vaccinés ? Par ailleurs, face à la baisse de la demande de vaccination contre l'hépatite B, la stratégie de l'industrie pharmaceutique consiste désormais à proposer un vaccin hexavalent comportant ce vaccin et permettant ainsi de vacciner contre l'hépatite B les enfants sans que leurs parents le sachent. Les enfants sont ensuite vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, avec le ROR, puis reçoivent des rappels de l'hexavalent. En outre, on vaccine à nouveau contre la tuberculose, qui fait résurgence à la faveur de la précarité qui s'installe chez certaines populations de notre pays.

Les enfants sont donc énormément vaccinés. Or, un vaccin n'a rien d'anodin. Quoi qu'on dise dans la presse, je ne fais pas partie des sectes antivaccinales et je peux d'ailleurs montrer le carnet de vaccination de mes enfants : ils sont vaccinés contre tout ! Cependant, une vaccination s'accompagne toujours d'un choc immunitaire. Quand on injecte un agent pathogène, le corps réagit : que dire quand on en injecte six à un bébé de trois mois, et qu'on en ajoute éventuellement un autre, celui contre la grippe A(H1N1), sans avoir jamais fait de tests cliniques ?

Monsieur Marc Girard, sur combien d'enfants de cette tranche d'âge, sollicitée immunitairement, a-t-on fait de tests cliniques ? A-t-on lancé la vaccination de cette génération sans avoir réalisé ces tests, en se disant qu'on verrait bien ce qui se passerait ?

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