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Intervention de Rémy Pradier

Réunion du 11 janvier 2012 à 17h00
Commission d'enquête relative aux modalités, au financement et à l'impact sur l'environnement du projet de rénovation du réseau express régional d'Île-de-france

Rémy Pradier, président de l'association SaDur :

Chaque association tente d'apporter sa pierre à l'édifice. SaDur (Soutien associatif des usagers révoltés), créé en 2005, milite pour une amélioration de l'ensemble de la ligne D. Nous voulons dépasser les situations locales pour examiner le problème de manière globale ; notre but n'étant évidemment pas d'opposer les usagers entre eux.

Actuellement, l'état de la ligne est catastrophique. En 2011, le taux d'irrégularité a atteint 34 %, sur la base des 12 000 relevés saisis sur D-collector, un outil propre à notre association. En d'autres termes, plus d'un train sur trois est arrivé avec un retard de plus de cinq minutes ou a été purement et simplement supprimé. Un dysfonctionnement sur cinq est une suppression, ce qui signifie que la SNCF ne respecte pas ses obligations d'offre.

Diverses causes ont été citées : infrastructures, matériels, accidents de personnes. Elles résultent globalement d'un manque chronique d'investissement depuis la mise en service du tunnel entre Châtelet et Gare de Lyon, en 1995. Les infrastructures n'ont pas été mises à niveau et la maintenance du matériel n'a pas été assurée, ce qui explique le grand nombre de crises survenues en 2011. C'est d'autant plus grave que le RER D est le seul mode de transport en commun qui permette de gagner Paris. Face aux incidents répétés, l'usager ressent un sentiment d'impuissance qui l'épuise. Il n'a plus confiance en l'exploitant de la ligne, la SNCF en l'occurrence. D'ailleurs, si nous avons construit notre propre système de collecte des relevés, c'est parce que notre ressenti ne correspondait pas aux chiffres présentés par celle-ci et par le STIF. Nous préférons consulter les usagers sur les retards et compiler leurs témoignages sur une année.

M. Pélissier a évoqué les schémas directeurs de ligne. Pour le RER D, la seconde phase sera mise en oeuvre dans deux ans, mais il y a plus de sujets d'inquiétude que de perspectives d'amélioration. Au sud de la ligne, les temps de parcours seront allongés. Des trains venant de la Grande couronne, déjà pleins quand ils arrivent en Petite couronne, seront amenés à s'y arrêter. Que se passera-t-il ? Les usagers de Grande couronne mettront plus de temps pour gagner Paris et ceux de Petite couronne ne pourront pas toujours monter dans ces trains ! En un an, l'allongement du parcours représente l'équivalent d'une semaine de travail.

Depuis dix ans, la fréquentation du RER D a augmenté de 50 %, pour atteindre 550 000 à 580 000 usagers par jour. C'est là une tendance lourde. Or la SNCF n'est pas en mesure d'augmenter le nombre de trains avant huit ans. Celui-ci n'évoluera pas entre 2013 et 2025, quel que soit le nombre de voyageurs, alors même que les trains sont déjà pleins bien avant d'atteindre les points de jonction.

Tous les projets d'aménagement de la ligne D sont réalisés a minima. À la gare de Pompadour (Val-de-Marne), qui accueillera 30 000 personnes par jour, on prévoit un quai central de moins de six mètres de large. En contrepartie, on fermera la gare de Villeneuve Prairie, qui accueille moins de 1 000 voyageurs par jour mais dispose de deux quais. Cherchez l'erreur ! Autre exemple : dans la gare Le Vert de Maisons (Val-de-Marne), on prévoit une correspondance entre le RER D et le réseau Grand Paris Express. Or cette gare, qui comporte un quai central, est difficilement aménageable : les six voies de circulation sont en remblai, et les environs sont déjà construits. On prévoit d'y arrêter des trains Transiliens, pour permettre aux voyageurs venant de Melun d'accéder au réseau du Grand Paris. Il faudrait, non seulement élargir le quai central, mais aussi ajouter des quais pour les voyageurs de la ligne R. Malgré nos appels à la Société du Grand Paris et nos Cahiers d'acteurs, on s'obstine à organiser la correspondance dans un endroit qui ne s'y prête pas. D'ailleurs, on ne parle plus d'améliorer le RER D, mais de le remettre à niveau. Il s'agit seulement de limiter le nombre de retards.

Il résulte des schémas directeurs à plus long terme que les temps de parcours envisagés seront allongés. La ligne D dessert des territoires de la Grande couronne. De Sénart, Goussainville ou Corbeil, il faut trente à quarante minutes pour rejoindre Paris. Si ce temps s'allonge de cinq ou dix minutes, il sera très pénalisant de travailler dans Paris. Il faut absolument veiller, quitte à réorganiser la ligne, à ce que les temps de parcours n'augmentent pas.

Je terminerai par trois suggestions.

La première a trait à la continuité du service. Quand un train tombe en panne sur la ligne D, il n'existe pas d'autre solution que de l'emmener du terminus à Paris pour qu'il change de sens. Il serait bon de profiter des nouveaux réseaux – Grand Paris Express au sud, Tangentielle nord – pour amener les voyageurs jusqu'à une correspondance, et pour mettre en place des systèmes d'aiguillages permettant aux trains de repartir dans l'autre sens. Pendant ce temps, sur la partie non perturbée, les trains pourront continuer à circuler. Il est essentiel que le système soit robuste, mais il doit aussi être fiable quand surviennent des perturbations, sur lesquelles les schémas directeurs font toujours l'impasse.

Les trains à deux étages qui roulent sur la ligne D ont été conçus il y a quarante ans, alors que le nombre de voyageurs a doublé en dix ans. De ce fait, les temps d'arrêt à quai s'allongent, surtout au nord de la ligne : à Sarcelles, il faut compter une minute pour la descente et une autre pour la montée. Si l'on veut réduire le temps de parcours, des wagons à trois portes, comme ceux qui circulent sur la ligne A, sont nécessaires. Arriveront-ils avant 2030 ? Nous nous interrogeons

Le dernier point intéresse le législateur : il faut revoir la réglementation ferroviaire. Quand une alerte radio survient en Île-de-France, le trafic s'interrompt pendant une demi-heure, car le régulateur doit faire repartir les trains un à un. Ce qui est peut-être acceptable donc supportable sur le réseau du Cantal, ne l'est pas en Île-de-France ! Le système doit être remis à plat pour que toute évolution soit enfin synonyme d'amélioration.

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