Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jean Maeght

Réunion du 11 janvier 2012 à 17h00
Commission d'enquête relative aux modalités, au financement et à l'impact sur l'environnement du projet de rénovation du réseau express régional d'Île-de-france

Jean Maeght, membre du conseil d'administration de CIRCULE :

Mon propos sur le RER C tient en trois points : vétusté, saturation et exploitation.

Le tronçon central du RER C, c'est-à-dire celui qui dessert Paris, est extrêmement vétuste. Depuis une vingtaine d'années, il fait l'objet, au cours de chaque été, de travaux qui entraînent des interruptions du trafic. Ceux-ci ont pour seul objet d'empêcher que la voûte ne s'effondre : il ne s'agit en aucun cas de rénovations. Les rails, les aiguillages et la signalisation connaissent régulièrement des avaries. En mars dernier, par exemple, un rail a cassé. La gare du Pont de l'Alma n'est plus conforme aux conditions de sécurité incendie. Pourtant, elle est toujours ouverte au public. Les aiguillages de Brétigny-sur-Orge datent de 1930. Les financements pour leur rénovation ont été obtenus, et RFF s'est engagé à réaliser les travaux, ce dont nous nous félicitons. Mais dans quels délais seront-ils faits ? Pour mémoire, les travaux de la sous-station électrique de Jouy-en-Josas, déclarés urgents en 2002, n'ont commencé, malgré les financements obtenus dès cette date, qu'en 2011. Nous avons un vrai problème avec RFF. Pour les aiguillages de Brétigny, nous avons donc pris le parti d'organiser des réunions hebdomadaires pour nous assurer que les travaux sont réellement effectués.

Alors que le trafic connaît une importante augmentation, la régularité ne cesse de se détériorer. Cela n'a évidemment rien d'étonnant, puisque le nombre de trains est resté le même. La SNCF elle-même concède que son objectif n'est pas d'améliorer la régularité sur la ligne, mais de contenir la baisse. C'est assez réaliste... En dépit des prévisions de croissance de trafic pour les dix prochaines années, aucun achat de train n'est prévu ! La seule solution proposée pour desservir le territoire de Seine amont - Ivry Vitry - , qui se développe, est de rendre omnibus les trains circulant dans le sens Essonne-Paris, qui sont déjà pleins, et verraient leur temps de trajet allongé. La bonne solution pourrait venir du projet POCL, qui prévoit la création d'une paire de voies supplémentaires, ce qui permettrait d'envisager une augmentation de 50 % du nombre de sillons alloués au RER C. La réunion de concertation a lieu ce soir à Orly. Notre association sera évidemment présente. Certes, le projet est à l'horizon 2025, mais il convient au moins de le saluer.

En matière de gestion des circulations, les pratiques et les outils d'aide à la décision de la SNCF sont archaïques, non seulement par rapport à d'autres opérateurs ferroviaires, mais aussi par rapport à des opérateurs d'autres secteurs tels que le contrôle aérien ou encore les domaines de l'assainissement. L'écran dont dispose le directeur de la ligne C lui permet de localiser les trains, mais non de voir s'ils sont en mouvement ou arrêtés. Pour le savoir, il lui faut « rafraîchir » l'application, sachant qu'il lui est interdit de téléphoner au conducteur – ce qui relève de la compétence de RFF. Les outils d'aide à la décision ne font d'ailleurs pas partie de la culture de la SNCF ; ils ne semblent susciter aucune curiosité chez ses agents.

Le principal défaut à corriger sur la ligne du RER C est à mon sens la vétusté du tronçon central. Nous accueillerions par ailleurs très favorablement la création d'une autorité de régulation dans le domaine des transports en commun. Celle-ci pourrait recueillir l'avis des opérateurs sur les innovations technologiques, comme le fait par exemple la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Songez que la culture de la SNCF ne lui permet même pas d'envisager l'équipement des rames en systèmes anti-collision, alors que les avions en sont pourvus depuis dix ans et que leur coût est bien inférieur à celui de la rénovation des matériels.

Trente trains par heure circulent sur le tronçon central du RER A. Ils ne sont que vingt-quatre sur celui du RER C, et ne devraient plus être que vingt à l'horizon 2025. Pour améliorer la fluidité, on préfère réduire le trafic plutôt que revoir le système de régulation. C'est à se demander si les problèmes de régulation n'aboutissent pas à sous-exploiter le réseau !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion