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Intervention de Frédéric Linares

Réunion du 11 janvier 2012 à 17h00
Commission d'enquête relative aux modalités, au financement et à l'impact sur l'environnement du projet de rénovation du réseau express régional d'Île-de-france

Frédéric Linares, président de l'ADURERA :

L'ADURERA est une association récente – elle a déposé ses statuts en mai 2011. Elle regroupe des habitants de Saint-Germain-en-Laye et de sa région, qui empruntent matin et soir le RER A depuis de nombreuses années pour se rendre sur leur lieu de travail, situé le plus souvent à Paris.

Je ne reviendrai pas sur la dégradation générale du service constatée depuis quelques années, mais sur le fait que celle-ci affecte surtout les heures de pointe, alors même que le nombre de trains est censé y être doublé, en tout cas pour la branche de Saint-Germain. Les incidents à répétition, dont les causes sont multiples – voyageur malade, suicide, avarie de matériel, problème de signalisation, de caténaire, rail endommagé, gel, neige, colis suspect, alerte, vol de câble etc. – semblent laisser la RATP désarmée. Elle ne parait pas avoir de véritables plans de secours. L'information est quasi inexistante, du type : « Les trains sont arrêtés. Veuillez patienter. ! » Les grèves sont heureusement moins fréquentes. Tout cela conduit néanmoins à des perturbations régulières. Plus d'un million de voyageurs par jour emprunteraient aujourd'hui la ligne A. Il s'y produit presque quotidiennement un incident, certes moins spectaculaire que celui du 9 janvier dernier, mais bien réel : les retards d'une demi-heure sont fréquents, ceux de cinq à dix minutes quasi quotidiens. L'incident de ce lundi – qui se produit quatre ou cinq fois par an – n'est donc que l'arbre qui cache la forêt. Les cinq à dix minutes de retard sont d'ailleurs calculées par rapport à une grille horaire qui, nous a-t-on rappelé, est théorique. Le malheur est qu'elle sert à caler les horaires des bus à l'arrivée à Saint-Germain : si le RER arrive en retard, le bus est déjà parti.

Ces dysfonctionnements affectent directement nos conditions de vie et de travail. Ils ont des incidences économiques mais aussi sur la santé et sur l'environnement, puisqu'ils nous incitent à reprendre le volant. La qualité de vie tant vantée à Saint-Germain en Laye et ses environs en est passablement écornée.

Depuis sa création, l'ADURERA a pris contact avec le maire de Saint-Germain et le sénateur-maire du Pecq, mais aussi avec le Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF) et la RATP – cette entreprise est la seule à ne pas nous avoir reçus. Nous avons créé une page Facebook, sur laquelle les usagers peuvent laisser leurs réactions. Vous en trouverez un extrait, datant du dernier trimestre 2011, dans le dossier que nous avons préparé à votre intention.

Les causes des dysfonctionnements sont à la fois conjoncturelles et structurelles. Les causes structurelles sont connues : sous-investissement, déséquilibre entre l'Est et l'Ouest de la région, accroissement spectaculaire du trafic depuis une vingtaine d'années. Mais cet accroissement a aussi permis une augmentation des recettes, qui aurait dû être mise à profit pour financer des investissements. Il serait intéressant de se pencher sur l'évolution du compte d'exploitation pour comprendre pourquoi cela n'a pas été le cas.

Les élus et le STIF nous ont exposé les projets en cours – Grand Paris, prolongement d'EOLE… Ils ont aussi évoqué les nouvelles rames, qui viennent d'être mises en service, le schéma directeur et le Livre blanc de 2008. Tout cela est bienvenu, mais insuffisant. C'est pourquoi nous entendons contribuer à l'examen des causes des perturbations et à la réflexion sur les mesures de court terme qui s'imposent en formulant des propositions.

J'ajoute que tous les passagers ne sont toutefois pas logés à la même enseigne aux heures de pointe ! Si le nombre des trains circulant à destination de certaines stations est doublé, ce n'est pas le cas pour toutes – et notamment pour Saint-Germain, Croissy-Chatou et Le Vésinet-centre. Lorsqu'on ne voit pas arriver de train pour Saint-Germain, on se rabat sur les trains pour la station précédente, bien plus fréquents – ce qui est particulièrement irritant. Nous proposons donc que tous les trains aillent jusqu'au terminus prévu, à savoir – dans notre cas – Saint-Germain-en-Laye.

Nous attirons par ailleurs votre attention sur le problème des relèves des agents de conduite. On entend souvent parler de la relève SNCF-RATP à Nanterre préfecture, mais on oublie la relève RATP-RATP, à Rueil-Malmaison, que les voyageurs connaissent bien : le train s'arrête et on attend… quand ils ne sont pas purement et simplement débarqués !

Nous demandons également qu'une réflexion approfondie soit conduite sur l'information, et sommes évidemment prêts à y participer dans le cadre de groupes de travail.

Mais les dysfonctionnements ont aussi des causes plus profondes, qui tiennent en grande partie au flou dans les responsabilités. On peine à savoir qui est responsable de quoi. Nous appelons par ailleurs la RATP à recentrer ses priorités sur le transport en Île-de-France. C'est bien de vendre ses savoir-faire dans le monde entier, mais il faut éviter de se disperser : la vitrine de l'action de la RATP, c'est d'abord l'Île-de-France !

Les indicateurs de performance ne sont pas pertinents. La dégradation qu'ils font apparaître est bien inférieure à la réalité, car ils surpondèrent la partie intra-muros de Paris, les heures creuses et les week-ends. Mettons en place des indicateurs qui mettent en évidence ce qui se passe aux heures de pointe et sur les différentes branches de la ligne !

Enfin, il faudrait sans doute revoir l'organisation du travail des conducteurs.

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