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Intervention de Michel Godet

Réunion du 11 mai 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Michel Godet, titulaire de la chaire de prospective stratégique au Conservatoire national des arts et métiers, membre du Conseil d'analyse économique :

Dès le cours préparatoire, les enfants en difficulté devraient être repérés. On attend qu'ils soient en échec scolaire pour réagir. Je suis socialisant et volontariste en la matière. Chacun sait que l'enseignement est meilleur en Bretagne et dans les Pays-de-la-Loire en raison de la concurrence qui règne là-bas entre le public et le privé.

Monsieur Christian Blanc, si je suis meilleur à l'écrit qu'à l'oral, c'est que j'ai le temps, à l'écrit, de développer mes arguments.

L'Île-de-France est la seule région française qui connaisse un déficit migratoire, toutes catégories sociales et professionnelles confondues. Si l'Île-de-France ne se vide pas, c'est uniquement en raison de la fécondité des immigrés. Je me réjouis donc de l'apport migratoire, d'autant que l'Europe va manquer de 25 millions d'actifs. Le problème est de réussir l'immigration en intégrant les enfants issus de l'immigration.

Tous ceux qui le peuvent quittent l'Île-de-France et ce n'est pas uniquement pour une question de pauvreté. Pourquoi ne pas lever le tabou du SMIC identique ? Celui-ci ne devrait-il pas varier en fonction des territoires ? Personne ne peut se loger à Paris avec un SMIC.

La notion de « société de la connaissance » est devenue un mythe. La vraie société de la connaissance, c'est lorsque chacun sait lire, écrire et compter et qu'il a acquis un minimum d'éducation. Nous en sommes loin ! Nous manquons évidemment d'ingénieurs, notamment d'ingénieurs femmes, mais il faut commencer par le commencement : le savoir-être.

M. Laurent Davezies nous révèle que les pôles de compétitivité ne comptent que pour 20 % dans les enjeux de revenus d'un territoire, 20 % étant liés à la production marchande au service de la population réellement présente appelée l'économie présentielle. Ce sont donc 40 % seulement des enjeux de revenus qui sont liés à la production marchande, contre 60 % liés aux revenus de transferts, en provenance majoritairement d'Île-de-France, la région la plus riche : 30 % pour les revenus des retraités et 30 % pour les revenus des fonctionnaires et les transferts sociaux. Les pôles de compétitivité et l'industrialisation sont donc secondaires par rapport à la qualité de la vie. M. Pierre Méhaignerie l'a souligné : ce qui compte ce sont les conditions de vie, l'harmonie sociale, l'absence d'insécurité, la vie associative et culturelle. Les retraités fuient les zones urbaines sensibles.

Il faut également améliorer l'efficacité de la dépense publique. Or c'est loin d'être le chemin suivi par les collectivités territoriales, où l'emploi public a fortement augmenté l'an dernier – plus 68 000 créations de postes d'agents publics –, ainsi que l'absentéisme : vingt jours par an. C'est la Cour des comptes qui l'affirme, ce n'est pas moi.

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