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Intervention de Alain Vidalies

Réunion du 11 mai 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Vidalies :

S'agissant du marché du travail, il faut se méfier des comparaisons hâtives.

Je prends un exemple : nous avons institué les 35 heures et les Pays-Bas le temps partiel généralisé. Il est évident que si trois fois plus de salariés travaillent à temps partiel aux Pays-Bas qu'en France, le taux de chômage y sera moindre. De même, certains pays ont préféré classer un grand nombre de leurs chômeurs comme inaptes au travail : c'est ainsi que la Grande-Bretagne compte deux fois plus de handicapés que la France, ce qui permet de les sortir des statistiques.

Par ailleurs, je suis étonné, monsieur Michel Godet, de vos propos sur la prétendue insertion des jeunes « qui ne savent ni lire ni écrire ». Si seulement vous aviez raison ! Malheureusement, les enquêtes générationnelles révèlent que si, deux ans après la fin de leurs études, la plupart des jeunes connaissent des difficultés, cinq ans après, les bac + 2 sont installés sur le marché du travail alors que les sans diplômes connaissent toujours la précarité et que c'est encore le cas quinze ans plus tard. Les 150 000 « jeunes décrocheurs » qui sortent chaque année du système scolaire sans emploi ni formation constituent un coût collectif considérable puisqu'ils devront être aidés toute leur vie. Ne tenons pas un discours apaisant, contraire à la réalité. Il faut se mobiliser très en amont pour réduire le décrochage, qui est un drame humain et coûte cher à la société sur le long terme.

S'agissant du chômage, thème cher au président Méhaignerie, son coût est aujourd'hui mutualisé entre les entreprises : c'est le système de l'Unedic qui le veut ainsi. 28 % seulement des cotisations génèrent 80 % des droits. En effet, un salarié perçoit des indemnisations lorsqu'il est licencié ou en fin de CDD ou d'intérim. Donc, plus le recours aux CDD et à l'intérim est important, plus le coût est élevé pour l'Unedic. Ainsi, alors que certaines entreprises abusent des CDD et de l'intérim, d'autres, qui n'y recourent jamais, paient leurs cotisations à l'Unedic sans jamais générer de droits. Les entreprises qui abusent sont-elles repérables ? En tout cas, ce n'est pas le carcan juridique du droit du travail qui les empêchera d'abuser, puisque, aux yeux de la Cour de cassation, le surcroît temporaire d'activité, y compris pour la création d'un nouveau modèle chez Peugeot, justifie l'emploi de 10 000 intérimaires. Ne conviendrait-il pas de séparer la caisse de l'Unedic en deux ? Alors que l'emploi permanent d'intérimaires paraît une aberration, puisque ces derniers coûtent aux entreprises quelque 25 % plus cher que les autres salariés, certaines entreprises y recourent toutefois à grande échelle. Si elles sont capables de payer un tel surcoût, pourquoi n'assumeraient-elles pas également les droits au chômage que génère leur politique ? Cela permettrait de diminuer les cotisations des autres entreprises.

L'ouverture d'une négociation sur le sujet susciterait peut-être la seule proposition alternative intéressante : tout faire pour éviter la rupture du lien entre le salarié et l'entreprise. Mettre l'accent sur l'utilisation actuelle des fonds de l'Unédic permettrait en tout cas de dégager des propositions constructives.

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