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Intervention de Jean-Claude Sandrier

Réunion du 11 mai 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Sandrier :

Il me semble que vous optez pour une approche simpliste et brutale de phénomènes complexes. Selon vous, les Français fuiraient la banlieue et l'immigration. C'est inexact. Ils fuient la pauvreté. Ce n'est pas la même chose.

Quant à la durée du travail, calculée en nombre d'heures travaillées par an, la France est dans la moyenne. Arrêtez de brandir ces trois ou quatre semaines de travail en moins. De surcroît, nous sommes l'un des pays d'Europe où la productivité horaire du travail est la plus élevée.

Selon le récent rapport sur l'immigration paru la semaine dernière, l'immigration aurait « rapporté » plus qu'elle n'a « coûté ». Peut-être les chiffres sont-ils contestables mais ils méritent que l'on s'interroge.

S'agissant des déficits, il faut arrêter le chantage aux enfants concernant la dette publique. Les causes du déficit sont connues. Pour un tiers, il s'agit de la crise – qui sont les responsables ? – et les deux tiers restants s'expliquent par les cadeaux fiscaux.

Ceux qui investissent en France invoquent toujours les mêmes raisons : la qualité des infrastructures, la qualité de la formation, la qualité du service de santé, et, plus discrètement, les taux d'imposition. Notre fiscalité en France favorise les riches ménages et les entreprises. Le rapport du Conseil des prélèvements obligatoires montre que ce sont les plus fortunés qui sont les plus épargnés par l'impôt sur le revenu. Le 1 % des plus riches sont imposés non pas au taux marginal de 41 %, mais à 15 %, et c'est scandaleux. Et les grandes entreprises non pas à 33 %, mais à 8 %. Il y a donc en France des gens qui investissent pour des raisons fiscales.

La question fondamentale est celle du déplacement de la richesse qui s'est opéré du travail vers le capital ces dernières décennies. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques, en dix-huit ans, les salaires ont augmenté de 81 % en France, les dividendes de 355 %. J'ai récemment visité une entreprise dans ma circonscription où il n'est question que de coûts salariaux et de coûts sociaux alors que l'usine fabrique des produits de luxe commercialisés à 300 euros, pour un prix de revient est de 20 euros. Est-ce vraiment le coût du travail qui fait le prix de la marchandise ? Il faudrait commencer par se poser les vraies questions avant de ponctionner les salaires et de rogner sur les prestations sociales, c'est-à-dire de mener une politique qui mène tout droit à la régression sociale et économique.

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