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Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 15 juin 2010 à 9h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports :

La profession des pharmaciens a su s'organiser : il n'y a qu'à voir le succès que remporte le dossier pharmaceutique. Sans doute a-t-elle une bonne capacité d'adaptation et est-elle moins individualiste que d'autres professions. Il faut dire aussi que le pharmacien travaille au sein d'une équipe, qu'il n'est pas tout seul dans un cabinet et qu'il est confronté à des nécessités commerciales qui l'obligent à faire preuve d'une certaine souplesse.

Vous avez raison, rien n'est gratuit et, in fine, les dépenses de santé sont toujours payées par nos concitoyens, d'une façon ou d'une autre. On connaît l'origine de ces sommes : les cotisations salariales pour 47 % ; la contribution sociale généralisée pour 37 % ; les taxes affectées pour 15 %, plus la part à la charge des ménages. Et comme tout ce qui sera prélevé sur le capital sera dédié aux retraites, on sait maintenant que cette ressource sera indisponible pour les dépenses de santé, lesquelles seront donc payées par tout le monde, y compris par les plus modestes.

La vaccination est bien la meilleure prévention des maladies infectieuses. Si l'on a éradiqué les grandes pandémies infectieuses, on le doit quasiment à elle seule. Je ne peux que constater comme vous, avec inquiétude et parfois désespérance, l'influence sur le corps médical de certaines démarches et ligues antivaccinales. Des responsables politiques ont mené une campagne délirante contre la vaccination, ce qui ne les a d'ailleurs pas empêchés de nous reprocher que cette campagne-ci n'ait pas eu le succès escompté. Il faut dire que l'on a entendu beaucoup de stupidités à cette époque. Au début du mois de juillet, à l'occasion d'une question au Gouvernement, l'un de vos collègues, allié dans vos majorités locales, sinon nationales, ne m'a-t-il sommée d'acheter 120 millions de lunettes de natation, autant de combinaisons de peintre et 7 milliards de masques supplémentaires pour combattre la pandémie grippale ? Superbe, n'est-ce pas ?

La France a effectivement acheté 94 millions de doses pour vacciner 47 millions de personnes. Parmi les autres pays, du moins les pays comparables au nôtre, dix ont souhaité acheter des vaccins à deux doses pour couvrir 100 % de leur population – même si, finalement, ils n'ont pas toujours pu en acheter autant. Il s'agissait du Royaume-Uni (qui a acheté 130 millions de doses), des États-Unis (qui voulaient passer commande de 600 millions de doses), des Pays-Bas (qui en ont acheté 34 millions), de l'Autriche (16 millions), de la Norvège (9,4 millions), de Chypre, de l'Allemagne, du Luxembourg et de l'Irlande. D'autres États, qui auraient voulu vacciner, pour des raisons éthiques, l'ensemble de leur population, mais n'avaient pas les moyens d'acheter deux doses, ont fait un choix un peu étrange en l'état de la doctrine vaccinale à l'époque : ils ont décidé de couvrir 100 % de la population avec une dose. Ce sont Malte, la Belgique, la Finlande et l'Islande.

En France, nous avons fait, seuls, un autre choix : celui de proposer la vaccination à l'ensemble de la population, mais aussi, comme nous savions que la population ne se ferait pas vacciner à 100 %, de tenir compte d'un taux d'attrition raisonnable.

Pour calculer celui-ci, nous avions à notre disposition les sondages d'opinion. En juillet 2009, 67 % des Français déclaraient qu'ils se feraient vacciner. Ce pourcentage est resté pratiquement stable jusqu'à la fin du mois d'août. Nous connaissions également le nombre de personnes qui se font vacciner quand elles sont confrontées à un risque sanitaire, mineur ou non.

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