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Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 15 juin 2010 à 9h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton :

Je remarque que l'Ordre national des pharmaciens, à l'égard duquel il m'arrive d'être très critique, a été un très bon vecteur d'information pendant toute la durée de la pandémie. Tous les quinze jours, nous recevions un bulletin, notamment sur les mesures barrières. Je pense donc que les ordres ne sont donc pas à écarter.

On a parlé de la gratuité des vaccins. Mais, à terme, ils vont coûter à nos concitoyens : la mutualité a augmenté les cotisations dues par ses adhérents de 3,8 %, la prévoyance de 6,7 % et les assurances privées de 11,5 %.

La moitié des médecins ont dit qu'ils ne souhaitaient pas vacciner leur patientèle. Lors d'une réunion de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, en septembre 2007, le sénateur Paul Blanc a expliqué que dans les circuits de « vaccination traditionnelle », on mettait souvent en avant des contre-indications qui n'en sont pas pour éviter de vacciner les patients. Il y a donc un travail global à mener auprès des médecins pour contrer cette tendance d'ordre « culturel », que je déplore.

J'en viens à ma question. Vous avez commandé 94 millions d'unités vaccinales en juillet. Dernièrement, vous vous êtes exprimée très clairement à ce propos lors de votre audition par le Sénat, déclarant : « De plus, le déséquilibre entre l'offre et l'importance de la demande au niveau mondial plaçait les laboratoires en position de force. Ceux-ci privilégiaient les commandes fermes et définitives ». Vous ajoutiez : « En mai 2009, les estimations de la capacité de production mondiale variaient entre 500 millions et moins d'un milliard de doses ». Vous précisiez, en vous faisant le relais de ce que les laboratoires vous disaient : « Si le rendement de la souche virale était inférieur aux prévisions, la capacité de production pouvait même descendre à 250 millions de doses ». L'Organisation mondiale de la santé a fait son travail d'alerte, mais elle n'a pas vocation à gérer la pandémie dans chaque pays. S'en est alors ensuivi une espèce de « course à l'échalote » plutôt malsaine entre les États : c'était à celui qui commanderait le plus de vaccins pour donner à sa population l'impression qu'il la protègeait mieux que ne le faisaient les autres. Or une pandémie ne connaît pas les frontières. Ne croyez-vous pas qu'il faudrait améliorer le partenariat avec les autres pays du monde, solvables ou non, pour faire face aux pandémies d'une manière un peu plus équilibrée ?

Le 22 juillet 2009, je vous avais déjà interrogée à propos des 94 millions d'unités vaccinales que vous aviez commandées et qui devaient permettre de vacciner 47 millions de personnes. Comment aurait-on pu vacciner, par deux fois, 47 millions de personnes sans désorganiser l'offre de soins habituelle en pathologie hivernale, alors même que les médecins libéraux étaient écartés du processus de vaccination ? Autant éviter de refaire certaines erreurs lors des pandémies à venir, non ? Enfin, comment le nombre de 47 millions de personnes à vacciner a-t-il été calculé ?

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