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Intervention de Antoine Flahault

Réunion du 27 avril 2010 à 16h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Antoine Flahault, directeur de l'école des hautes études en santé publique :

J'apprécie beaucoup cette question, car tout l'intérêt de cet exercice est probablement d'essayer de mieux faire la prochaine fois. Or, et vous avez tout à fait raison sur ce point, la prochaine fois ne signifie pas la prochaine pandémie, mais bien les prochaines grippes saisonnières.

Il existe en effet deux stratégies de vaccination contre la grippe : la stratégie de barrière, qui n'a jamais été employée nulle part, et le ciblage des populations à risques. Mais bien que systématiquement utilisée, cette dernière stratégie n'a jamais été évaluée correctement. L'équipe de Mme Viboud et de Lone Simonsen a d'ailleurs publié des travaux très controversés sur son efficacité, jugeant que l'hypothèse selon laquelle elle entraînait une diminution de la mortalité n'avait jamais été véritablement démontrée aux États-Unis. Les études épidémiologiques qui vantent les bénéfices de la vaccination chez les personnes âgées évoquent une réduction de 50 % de la mortalité chez ces personnes pendant les épidémies de grippe. Mais si c'était vrai, répond Lone Simonsen, cela devrait se voir, y compris dans les courbes de mortalité. Or ce n'est pas le cas.

L'efficacité de la stratégie de protection des personnes à risques n'est donc pas très bien démontrée. De plus, si la prochaine grippe saisonnière est due au virus H1N1, ces personnes à risques ne seront pas les mêmes que celles que l'on avait identifiées avec le virus H3N2 : ce seront des personnes beaucoup plus jeunes, situées dans des bassins de population particuliers. Cependant nous ne disposons d'aucune évaluation en ce domaine.

Pour autant, ne faudrait-il rien faire ? Mon propos n'est pas de reprocher le choix de telle ou telle stratégie : dans une situation d'incertitude, il a bien fallu prendre des décisions. Celle qui a été prise a donc consisté à proposer un vaccin à toute la population française – et non de l'imposer ; on ne peut donc pas vraiment parler de vaccination massive – et d'inciter très fortement des populations reconnues comme à risques, comme les femmes enceintes, à se faire vacciner. Mais je souscris totalement à votre proposition : il convient désormais d'évaluer cette méthode de façon rigoureuse. Donnons-nous les moyens de réaliser de véritables expérimentations afin de déterminer les stratégies les plus efficaces.

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