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Intervention de Claude Leicher

Réunion du 27 avril 2010 à 17h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Claude Leicher, président de MG France :

On s'est aperçu que l'acte de vaccination que l'on croyait si simple ne l'était pas. Je n'hésite pas à dire qu'il a été, en l'espèce, galvaudé. Certains se sont étonné que les médecins généralistes demandent une consultation pour faire une vaccination, mais pour les vaccins, il y avait plus de trente indications différentes selon l'âge, les pathologies éventuelles, un état de grossesse ou non… C'est bien d'ailleurs pourquoi l'avis d'un médecin était obligatoire dans les centres et que la vaccination, d'une manière générale, comporte nécessairement une consultation, conformément aux procédures et à la loi. La vaccination contre la grippe saisonnière est comptée comme une consultation. Deux tiers des vaccinations habituelles contre la grippe saisonnière sont dites d'opportunité. L'assurance maladie ne prend en charge le vaccin que pour six millions de personnes à risques, alors que dix à onze millions de doses de vaccin sont délivrés chaque année dans les officines. Au-delà des strictes populations cibles, nous vaccinons aussi des mères avec de jeunes enfants, beaucoup d'enseignants et de professionnels de santé, non pas parce qu'ils présentent un facteur de risque mais parce qu'ils ne veulent pas transmettre la maladie ou ne peuvent pas se permettre d'être malades.

Cette campagne de vaccination a, hélas, été dominée par la peur : peur de ne pas faire assez, peur que les gens ne soient pas vaccinés assez tôt, peur de ne pas cibler les bonnes personnes… La canicule de 2003 a, à l'évidence, laissé des traces indélébiles. Or, les véritables leçons de cette canicule n'ont toujours pas été tirées. Personne ne sait par exemple que nous avons perfusé plusieurs dizaines de milliers de patients à domicile dès juin 2003 et que les ventes de solutés de perfusion en officine ont explosé dès ce mois-là…

Que proposer donc ? Tout comme en médecine de catastrophe, on n'expérimente jamais un dispositif nouveau, il faudrait, dans un cas comme celui de la grippe A(H1N1), s'appuyer sur des dispositifs éprouvés, dont les professionnels ont l'habitude. Le médecin traitant tel que défini dans la loi de 2004 doit être le pivot autour duquel articuler les campagnes de santé publique et les dispositifs nécessaires, susceptibles de monter en puissance en fonction de la gravité avérée. L'administration de la santé commence à le comprendre en matière de dépistage et de prévention, pas assez hélas puisque chaque fois qu'on organise un dépistage, on invente en même temps une administration pour cette campagne, ce qui coûte cher à l'État tout en étant bien souvent redondant sans toucher davantage de population.

Dès le mois de juin, en tout cas dans mon secteur de garde, les généralistes avaient compris que la grippe A(H1N1) était à la fois très contagieuse et atypique – les lésions pulmonaires observées n'étaient pas habituelles. D'où la nécessité de prendre des précautions particulières.

Une autre proposition est que des vaccinations dites d'opportunité puissent aussi avoir lieu, comme c'est souvent le cas pour la grippe saisonnière.

Ce qui caractérise l'organisation de la médecine libérale, c'est sa souplesse, son adaptabilité. Il est tout à fait possible d'envisager, dans un contexte particulier, de passer un contrat particulier avec les praticiens.

Et surtout, il faudrait être attentif à l'organisation territoriale pour garantir un égal accès de tous à la vaccination. Les secteurs de garde, lesquels, même s'ils demeurent perfectibles, présentent l'avantage d'exister déjà et de fonctionner, peuvent être la base territoriale de l'organisation de la médecine virale. Parlant de secteur de garde, je ne pense pas seulement aux généralistes, mais aussi aux pharmaciens, aux infirmiers, aux kinésithérapeutes… Il y a là un socle sur lequel se fonder si besoin. Notre souci était de protéger l'hôpital. Nous ne voulions pas que les services d'urgence, les SAMU et le 15 soient encombrés par des cas n'ayant rien à y faire. J'appelle d'ailleurs votre attention sur le fait que nous réclamons depuis des années un numéro de téléphone distinct pour la permanence des soins et l'aide médicale d'urgence, que nous n'obtenons pas du fait de la pression exercée par les hospitaliers, ce qui est, à mon avis, un mauvais calcul de leur part.

L'organisation et le rodage préalables de notre système de santé sont une condition indispensable de succès de tout dispositif mis en place en cas de pandémie. Chacun doit savoir d'avance ce qu'il doit faire et ne pas faire, notamment ne pas se précipiter aux urgences hospitalières. Si le système n'est pas ainsi préalablement « huilé », tout dispositif, aussi parfait soit-il en théorie, échouera en pratique.

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