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Intervention de Philippe Tisserand

Réunion du 27 avril 2010 à 17h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers libéraux :

Les élèves infirmiers ont manifesté le 17 décembre 2009 devant le ministère de la santé, à l'appel de leur président, M. Grégoire Cristofini. L'entretien que celui-ci a accordé à la revue dont je suis directeur de la publication, corrobore totalement ce que viennent de nous dire les représentants des étudiants en médecine. « Nous avons subi, nous déclarait-il, des pressions et des menaces inacceptables de la part des centres de vaccination et des DRASS. Nous devions vacciner sans respect des protocoles habituels de soins, avec notamment des aiguilles qu'il fallait « recapuchonner », alors que ce geste exposant les professionnels à des risques de piqûre accidentelle est strictement interdit », poursuivait-il.

Dès le premier jour de la campagne, des infirmières retraitées, notamment de l'Oise – je pourrais retrouver leur nom si cela vous intéresse – m'ont appelé pour me dire que, volontaires, elles s'étaient rendues dans les centres, mais qu'au vu de ce qui s'y passait, elles étaient reparties, refusant de vacciner dans de telles conditions. Elles exigeaient d'avoir à leur disposition des seringues avec des trocarts permettant de pomper le vaccin dans les flacons multidoses, dont les bouchons étaient d'ailleurs très durs. « Nous ne vaccinons pas des veaux », me disaient-elles, « il n'est pas dans notre culture professionnelle de piquer le patient avec la même aiguille que celle qui a transpercé un bouchon qui le sera dix fois. » Et les médecins généralistes présents étaient d'accord avec elles.

Par ailleurs, environ la moitié des élèves infirmiers en Île-de-France travaillent à l'extérieur pour financer leurs études. Vu les conditions et l'ampleur des réquisitions – jusqu'à 40 heures –, certains ont perdu leur emploi. Les élèves infirmiers ont, au total, le sentiment d'avoir été utilisés pour accomplir une tâche dans des conditions ne correspondant pas à ce qu'on leur enseigne.

Nous, infirmiers libéraux, savions parfaitement que nous ne pourrions pas vacciner tout le monde mais avions proposé au ministère de la santé de vacciner les patients que nous visitons tous les jours. Il y avait certes au début le problème des flacons multidoses, mais des flacons unidose ont bien été disponibles par la suite ! Les arguments sur les conditions de conservation et d'acheminement des vaccins ou l'impératif de traçabilité, qu'on nous a opposés pour nous interdire de vacciner ces patients, ne m'ont pas convaincu. On pouvait penser que des personnels qui pratiquent quotidiennement des chimiothérapies à domicile dans le cadre de protocoles très lourds auraient été capables de faire un vaccin !

S'agissant du coût de l'opération, j'ai l'impression que les conseillers de la ministre de la santé ne savent pas bien compter. En effet, si les infirmiers libéraux avaient pu vacciner les patients chroniques ou dépendants qu'ils visitent à domicile, il n'y aurait pas eu de surcoût. Une vaccination sur prescription médicale est en effet facturée 3,20 euros et le déplacement 2 euros. C'est par ailleurs méconnaître totalement la nomenclature des actes infirmiers, dont la facturation est dégressive. Le premier acte chez un patient est facturé à taux plein, le deuxième à demi-tarif, et au-delà, ils ne le sont plus. Les infirmiers libéraux réalisent 400 millions de séances de soins par an auprès de personnes âgées dépendantes, facturées à la demi-heure et dont la facturation intègre tous les actes infirmiers, hormis les perfusions et les grands pansements. C'est dire qu'une vaccination pratiquée dans ce cadre n'aurait rien coûté de plus.

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