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Intervention de Jean Marimbert

Réunion du 5 mai 2010 à 16h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Jean Marimbert, directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de sant :

Pour répondre à votre question, monsieur Door, en ce qui concerne les autorisations de mise sur le marché centralisées, le délai peut varier selon les suppléments d'information apportés ou demandés. Une évaluation prend en moyenne entre 100 et 150 jours, certaines évaluations pouvant demander de manière exceptionnelle jusqu'à 200 ou 210 jours. Il est très difficile de procéder à des comparaisons avec les procédures mock up. En effet, l'évaluation sur les dossiers prépandémiques a duré plusieurs mois. Les dossiers mock up ont été évalués essentiellement au second semestre 2008 et cela n'a débouché sur des avis favorables pour certains des vaccins pandémiques que fin 2008-début 2009. Il y a donc eu au moins quatre ou six mois d'évaluation, auxquels s'est rajoutée l'évaluation effectuée à partir de fin août-début septembre, quand le Comité des spécialités pharmaceutiques à usage humain a disposé de données complémentaires sur les dossiers pandémiques, y compris de premières données cliniques concernant le virus A(H1N1). Il y a alors eu une rolling review, revue permanente de semaine en semaine, des nouvelles données disponibles. Cumulés, les mois d'évaluation des procédures mock up et ceux de la rolling review représentent un temps substantiel.

Pour ce qui est de l'information, monsieur le rapporteur, j'ai voulu dire tout à l'heure à la fois que ce que nous avions fait était perfectible et qu'une autorité sanitaire, dans un domaine comme celui des vaccins, ne peut pas simplifier par trop la réalité à seule fin de rassurer le plus possible la population, à laquelle nous devons une information exacte.

J'ai distingué pour la pharmacovigilance les effets de court terme et de long terme car telle est la réalité. Il y a des effets secondaires immédiats, la plupart bénins comme une rougeur au point d'injection ou un épisode fébrile, et d'autres qui ne sont pas mineurs. Ainsi observe-t-on parfois des poussées de sclérose en plaques dans les jours ou les semaines qui suivent une vaccination, et dont il faut savoir si elle lui est imputable ou non. Au-delà, il est des effets à long terme et l'honnêteté exige de dire à nos concitoyens que des cohortes font l'objet d'un suivi dans le temps afin de les repérer.

On crédibilise la parole publique en tenant à la population un langage de vérité, sans mystification, ne laissant pas faussement penser que, parce que le rapport bénéficesrisques est positif et que l'intérêt de la vaccination sur le plan de la santé publique n'est pas à démontrer, il n'y aurait strictement aucun risque.

En septembre, nous n'avons sans doute pas fait assez en matière d'information, mais il faut se souvenir que c'est alors que sont apparues les polémiques sur le syndrome de Guillain-Barré, les adjuvants, le Thiomersal, avec des déclarations indéfendables sur certains sites internet. Nous avons immédiatement édité toute une batterie de fiches que j'ai moi-même présentées lors d'une conférence de presse, à laquelle les journalistes assistaient en nombre et où tous ces points ont été abordés. La reprise qui en a été faite quelques jours plus tard dans la presse a été bonne. Mais nos concitoyens ont alors été soumis à un véritable kaléidoscope de déclarations, publiques ou non, sur le sujet de la vaccination, sensible par nature, puisqu'il s'agit d'administrer à des personnes en bonne santé un médicament visant à les prémunir contre un risque ultérieur. L'information délivrée par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé et par le ministère s'est heurtée à d'autres. J'ai vu dans mon entourage, y compris parmi mes amis, des personnes qui, sceptiques face à tous ces discours contradictoires, se tournaient naturellement vers leur médecin. Or, en octobre-novembre, la parole médicale était plutôt dissuasive. Il est difficile pour une agence sanitaire d'être convaincante sans convergence ni synergie entre la parole publique et celle des soignants.

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