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Intervention de Bruno Cercley

Réunion du 30 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Bruno Cercley, président de Rossignol :

Monsieur Nicolas Forissier, nous n'utilisons pas le dispositif d'appui à l'export. Le groupe Rossignol possédant depuis longtemps des filiales commerciales dans tous les grands pays du ski, nous avons le sentiment de connaître notre marché à l'international.

Vous avez raison, monsieur Christian Blanc, il importe d'apprécier l'amont et l'aval de l'acte de production. On ne relocalise pas par patriotisme. Mais dès lors qu'on est convaincu que, du point de vue économique, il s'agit de la meilleure option pour l'entreprise, autant en tirer profit. Ayant décidé de produire davantage à Sallanches qu'à Taïwan, nous ne nous priverons pas de préciser que nos skis sont « Made in Chamonix Valley » ! Même s'il est difficile d'évaluer la valeur que le consommateur y accordera, rien n'empêche de parier sur des réflexes de fierté. Cela joue autant qu'une simple comparaison de coûts. Comme nous avons la chance de fabriquer des produits attractifs et à la mode, on peut aisément créer une dynamique positive et donner à nos employés l'envie de se rendre au travail plutôt que de leur mettre un pistolet sur la tempe en les obligeant à travailler plus !

Nous avons en Allemagne un concurrent redoutable, Völkl, qui fabrique de très bons skis, avec une forte valeur ajoutée, un positionnement prix plus élevé que la moyenne et des coûts allemands mais si l'on compare avec nos propres coûts, j'ai le sentiment que nous ne sommes pas plus chers.

Transférer la fabrication de nos skis de Taïwan vers la France nous permet d'injecter du polyuréthane et de gagner en productivité : on produit autant en quinze minutes en France qu'en trente ou quarante minutes à Taïwan. Par ailleurs, nous avons la chance que le coût de la main-d'oeuvre représente moins de 20 % de l'ensemble de nos coûts de production. Notre système de production nous permet donc de prendre ce risque, à condition de rester très vigilants sur la productivité.

Nous participons à l'organisation « PRO France », sous l'autorité de M. Yves Jégo, car nous pensons que cela peut nous aider. Il faut préalablement définir ce qu'est un « produit français », mais, aux yeux du monde entier, qu'un ski soit « Made in France », berceau historique du ski en Europe, lui donne de la valeur. Pourquoi ne pas en profiter pleinement ?

De quoi avons-nous besoin ? Personnellement, la question des aides publiques m'indiffère. Quand nous avons décidé de relocaliser notre production à Sallanches, notre priorité n'a pas été de solliciter le ministère de l'industrie pour obtenir des aides à la relocalisation, mais de mettre en oeuvre notre décision le plus rapidement possible. Nous vivons constamment dans l'urgence et nous aurions plutôt besoin de partenaires qui nous aident à gagner du temps. Malheureusement, les autorités locales semblent évoluer dans un autre monde !

En revanche, nous avons besoin de financements. Quand nous avons repris Rossignol en 2008, l'entreprise se trouvait au bord de la faillite. Il a fallu repartir de zéro. Nous nous sommes adressés à OSÉO, où l'on nous a répondu que, notre actionnaire majoritaire étant étranger, on ne pouvait pas nous aider. Pourtant, nous ne demandions pas d'argent, juste une garantie nous permettant d'emprunter auprès des banques françaises. On croirait qu'il est honteux de vouloir redresser une entreprise française appartenant à des actionnaires étrangers ! Résultat : nous avons sollicité la banque américaine Wachovia et nous avons procédé à du factoring avec Fortis. Et une fois que la validité de notre modèle économique a été démontrée, nous avons vu les banques revenir les unes après les autres ! Lorsqu'on est dans une situation confortable, on peut se permettre d'être prudent. Toutefois, lorsqu'on est confronté à d'importantes difficultés, on doit aller très vite et il faut savoir prendre des risques ; et c'est alors que nous avons besoin de soutien.

S'agissant des coûts de production, il est évident que, par comparaison avec d'autres pays, se pose en France le problème du haut niveau des charges et des salaires. Cela étant, on peut aussi réaliser des gains de productivité. Il faut continuer dans cette dernière voie et, surtout, ne pas augmenter les charges.

Enfin, la réforme de la taxe professionnelle a été neutre pour nous.

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