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Intervention de Didier Sauvage

Réunion du 30 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Didier Sauvage, membre du directoire et directeur de la technologie de 3S Photonics :

Pour répondre à la fois à la question concernant les pôles de compétitivité et à celle des relocalisations, j'évoquerai la place de la recherche dans l'industrie. Dans notre secteur, la France occupe des positions très fortes en termes de recherche. La question demeure de savoir combien d'emplois industriels celle-ci génère. Ainsi, le pôle de compétitivité situé en Île-de-France et consacré à l'optique, l'électronique et le logiciel compte 10 000 chercheurs pour 40 000 industriels. Ce ratio, un pour quatre, n'a rien de très élevé.

Sur le fond, le concept de zone d'excellence me semble pertinent. Mais de très bonnes idées peuvent parfois conduire à des effets pervers, par exemple, lorsque l'on ne parvient pas à faire travailler ensemble plusieurs pôles dont les compétences se recouvrent. Les effets sont alors négatifs, car si cela ne rapporte rien à un pôle de collaborer avec d'autres organismes, cela rapporte à la collectivité, ce qui est le plus important. Il convient donc de donner davantage de flexibilité au zonage afin de supprimer ces blocages. Notre entreprise travaille aussi bien avec la région Rhône-Alpes, qui compte de nombreuses compétences, qu'avec la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Elle doit pouvoir le faire sans être pénalisée.

Ce travail au niveau de la recherche et du développement permet de créer une filière industrielle. Ce qui m'amène à évoquer les relocalisations : pour qu'une filière de recherche et développement soit légitime dans un pays, il faut qu'elle entraîne la création d'emplois industriels. Nous n'avons pas relocalisé pour le plaisir, mais parce que nous avons constaté que dans notre secteur d'activité, cela ne coûtait pas plus cher de produire en France qu'en Thaïlande, où notre ancienne maison mère américaine avait implanté la production. Dès lors que l'on parvient à payer le coût de cette relocalisation, on obtient un gain en qualité, en proximité et en performance. On y gagne aussi en légitimité, puisque notre filière fait parfaitement le lien entre les emplois de recherche et les emplois industriels. L'octroi d'aides pour soutenir la recherche et le développement n'a donc d'intérêt que si ceux-ci entraînent la création d'emplois. Et dans ce cas, il y a une certaine logique à relocaliser, y compris pour l'industriel lui-même.

Quant aux difficultés auxquelles nous sommes confrontés, elles ne sont pas le fait de nos interlocuteurs : le plus souvent, les administrations ne ménagent pas leurs efforts et font preuve de beaucoup de bonne volonté. Mais les mécanismes sont très lourds. On constitue un dossier pour obtenir une aide à la relocalisation, puis, six mois plus tard, on s'aperçoit que les bases d'éligibilité des dépenses ne sont pas celles que l'on croyait, ce qui conduit à réduire le budget envisagé ; ou que cette aide n'est pas cumulable avec la prime à l'aménagement du territoire ; ou qu'une partie du dossier relève des collectivités territoriales et non de l'État… Bref, on perd ainsi huit ou neuf mois. De même, du côté des collectivités, tout le monde fait preuve de bonne volonté. Il n'en demeure pas moins que le temps qu'un chef d'entreprise peut consacrer aux procédures est perdu pour d'autres tâches. Nous sommes prêts à beaucoup travailler, mais une journée ne dure que 24 heures…

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