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Intervention de Edmond Kassapian

Réunion du 30 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Edmond Kassapian, président-directeur général de Geneviève Lethu :

Nous appartenons au secteur marchand : nous avons des magasins dans le monde entier ; nous créons des collections, nous faisons de belles tables, de belles nappes, de belles assiettes. Et, bien entendu, dans ce métier, le « Made in France » représente un label essentiel. Si nous produisons en France, ce n'est pas par angélisme, mais parce qu'à l'export, les clients veulent non seulement un concept français, mais également des produits français.

Il faut arrêter de se flageller en évoquant les problèmes de la France. Je ne rencontre pas de problème de formation, je n'ai pas de difficulté à recruter. Nous avons de bonnes industries, des gens qui maîtrisent bien leurs savoir-faire. En revanche, la relation avec le monde du travail demeure compliquée dans notre pays. Comme nous voyageons beaucoup, nous connaissons l'image que les étrangers ont de la France : nos interlocuteurs affirment qu'ils seraient ravis de s'y installer, mais ils considèrent que les Français ne savent pas, ou ne veulent pas travailler.

Par exemple, nous disposons d'un site de production en Tunisie, qui a bien sûr été affecté par les événements politiques récents. Mais moins d'une semaine après le début de la révolution, l'usine fonctionnait à nouveau, les salariés se mobilisaient et la production était repartie. Toutefois, après avoir traversé la mer Méditerranée, les conteneurs ont été immobilisés pendant un mois et demi à Marseille en raison d'une grève des dockers. Désormais, nous n'utiliserons plus ce port : la production sera expédiée depuis l'Algérie jusqu'à Rotterdam.

Tel est le rapport des Français avec le travail. Les entreprises fonctionnent à deux vitesses, avec des cadres très impliqués qui ne comptent pas leurs heures de présence, et des salariés qui accomplissent leur tâche dans le cadre strict du droit du travail. Pour autant, nous avons beaucoup de bons jeunes. Les formations qu'ils ont reçues sont de qualité, que ce soit dans les écoles de commerce ou dans les universités. Pour bien faire, nous avons tout ce qu'il faut en France : il faut seulement se remettre au travail, voilà toute la difficulté. Le jour où l'on se remettra au travail, une grande partie de nos problèmes pourra être surmontée.

Dans l'industrie, la situation est sans doute différente, mais dans le commerce, l'investissement est d'ordre intellectuel : nous ne réclamons aucune aide, nous n'avons besoin de rien. En revanche, il est nécessaire d'être vigilant et ne pas céder à l'angélisme en ce qui concerne les importations de marchandises. Pourquoi devrais-je continuer à produire sur place, ce qui entraîne nécessairement un effet d'érosion sur mes marges, alors que n'importe quel importateur peut, sans la moindre difficulté, se rendre en Chine, y remplir des conteneurs et revenir distribuer n'importe quelle marchandise dans notre pays ? Il faut pouvoir répondre à cette question. Mais mis à part cela, je ne réclame aucune aide. Chacun son travail : il n'appartient pas au Gouvernement de se substituer aux entreprises. Il doit seulement nous protéger et remettre tout le monde au travail – même si j'ai bien conscience de la difficulté de la tâche.

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