Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Bruno Cercley

Réunion du 30 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Bruno Cercley, président de Rossignol :

Si le groupe Rossignol a traversé une période très difficile ces deux dernières années, il demeure leader mondial dans son secteur avec un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros. Implanté en Europe de l'ouest, en particulier en France – à Nevers et en Haute-Savoie – où la moitié de son personnel est employée, en Espagne et en Italie où il possède des sites de fabrication de skis et de chaussures alpines, son réseau de sous-traitance s'étend en revanche en Europe de l'est et en Chine. Nous bénéficions donc d'une expérience historique des avantages et des inconvénients de la production de différentes catégories de produits dans plusieurs zones géographiques, ce qui nous permet de prendre rapidement des décisions concernant la localisation de nos productions.

Je tiens à délivrer trois messages aux membres de cette mission d'information.

D'abord, il n'existe pas de pays sans économie et pas d'économie sans industrie. Tout ce qui peut être accompli pour renforcer le secteur industriel doit l'être, afin de consolider nos grands équilibres. Je suis très heureux d'avoir réorganisé la production en France d'un groupe français, mais mon objectif premier n'est pas d'y protéger artificiellement l'emploi. Ma mission consiste à assurer la pérennité et le développement de Rossignol et la décision de relocaliser a été prise car je suis profondément convaincu qu'une forte implantation en Europe de l'ouest et, en particulier, en France – pays majeur dans le métier du ski – est nécessaire pour le bien de l'entreprise.

Ensuite, la compétitivité repose sur deux piliers : d'une part, les coûts – en particulier dans un contexte de mondialisation – dont les structures doivent être adaptées ; d'autre part, l'innovation. L'un sans l'autre serait inutile, comme en atteste l'exemple des développements divergents récents de Ford et de Toyota aux États-Unis. Alors que le premier se désengageait de ce pays en raison de la structure des coûts, le second y investissait massivement, notamment dans l'innovation, ce qui lui a permis de passer devant son concurrent. De ce point de vue là, le dispositif français de crédit d'impôt recherche, qui doit être protégé, se révèle extrêmement positif car notre métier implique des renouvellements de gammes nécessitant de rechercher constamment des idées nouvelles et d'investir fortement dans la recherche et le développement.

On considère souvent la Chine comme un pays où les coûts de production sont bas. Or, en tenant compte du coût de la main-d'oeuvre et de celui du transport des produits, s'y délocaliser relève d'une politique de court terme et non d'une stratégie de long terme, sauf si le marché local asiatique devait se développer – dans ce cas, nous y serions d'ailleurs beaucoup plus présents. Aujourd'hui, cependant, nous devons nous méfier de la capacité de plus en plus grande de la Chine à innover : d'ici deux ans, elle publiera plus d'articles dans des revues scientifiques que les États-Unis. Là se trouve le véritable danger pour nos industries, qui ont tout intérêt à ne pas se laisser dépasser. Les entreprises françaises gagneront ou perdront des parts de marché selon qu'elles auront su ou non renforcer l'innovation et la compétitivité intellectuelle.

Enfin, un petit « cocorico », si je puis me permettre : lorsqu'une entreprise comme Rossignol gagne un championnat du monde grâce à Jean-Baptiste Grange dont les skis sont frappés de l'effigie du coq gaulois et que nous contribuons ainsi à la fierté du public, s'engage un véritable cercle vertueux pour notre entreprise, pour notre pays mais également à l'étranger. N'ayons pas peur d'être fiers de notre magnifique pays et de ce que l'on y crée ! Notre productivité est l'une des meilleures du monde !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion