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Intervention de Jean-Marie Cohen

Réunion du 26 mai 2010 à 16h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Jean-Marie Cohen, coordinateur national des groupes régionaux d'observation de la grippe :

Le groupe régional d'observation de la grippe de La Réunion nous avait informés que le système de soins de l'île n'avait pas été débordé par la grippe H1N1 et que le virus était « comme celui du chikungunya, mais en moins fort », ce qui était rassurant.

Nous étions également en contact quotidien avec le centre de Melbourne en Australie, d'où les informations qui nous parvenaient étaient mitigées. Nos homologues nous avaient fait savoir que le pays était confronté, avec le virus H1N1, à la plus forte épidémie de grippe depuis dix ans, laquelle se conjuguait avec la grippe saisonnière, sachant qu'au début, celle-ci l'emportait, avant que la tendance ne s'inverse. Ils nous avaient également indiqué que l'épidémie avait causé des morts chez des enfants et des adultes jeunes en bonne santé. Il est difficile de dire si notre dispositif a été trop rigide, car nous recevions des informations, les unes rassurantes, les autres inquiétantes.

Les vaccins sont-ils arrivés avec retard ? Le fait même que vous posiez cette question est la preuve qu'un travail remarquable a été réalisé cette fois-ci, car lors de toutes les pandémies précédentes, le vaccin n'a jamais été au point qu'un an après la première vague. C'est la première fois que l'on dispose d'un vaccin plus tôt. Certes, on en a peut-être fait un peu trop et le dispositif a-t-il été surdimensionné. Il n'empêche que cela a permis de se poser les bonnes questions et d'obtenir des vaccins beaucoup plus vite que d'habitude. Disposer d'un vaccin aussi tôt, au décours de la première vague pandémique, est un privilège dont tous ne pouvaient bénéficier. Le Gouvernement était dès lors confronté à un double écueil dans sa communication : soit il disait qu'il n'y aurait pas de vaccin pour tous, au risque de provoquer une panique, voire des attaques de pharmacies et de centres de vaccination, soit il taisait que c'était un privilège et personne ne s'alarmait. Il n'a pas réussi à surmonter cette contradiction.

Pouvait-on raisonnablement espérer réussir à vacciner 47 millions de personnes d'un coup ? Entendant évoquer ce projet à la radio, ma première réaction a été de dire que c'était fou. Lorsque j'ai demandé à l'équipe de madame Roselyne Bachelot-Narquin pourquoi les praticiens libéraux, qui tous les ans vaccinent en un mois dix à douze millions de nos concitoyens contre la grippe saisonnière, avaient été exclus de l'opération, on m'a expliqué que l'obstacle majeur résidait dans la gestion des groupes prioritaires. Les femmes enceintes constituaient un groupe prioritaire, mais un médecin de ville n'en voit pas plus de dix par semaine en consultation. Comment dès lors assurer la vaccination de tout ce groupe ? Cette épidémie a mis en évidence que la médecine de ville n'est pas organisée dans notre pays pour mener une campagne de vaccination de masse en urgence. L'un des objectifs que je fixe aux groupes régionaux d'observation de la grippe est de pousser les représentants des professionnels de santé libéraux à mettre en place sous deux ans un dispositif leur permettant d'y pourvoir.

La vaccination a-t-elle eu une incidence sur la vague pandémique ? Clairement non.

Était-il absurde de nourrir le dessein de vacciner tout le monde ? Sur un plan médical, ce n'était pas cohérent mais sur un plan politique, c'était la seule solution possible. Les pouvoirs publics ne pouvaient pas dire que le vaccin serait réservé à certaines catégories de population.

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