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Intervention de Jean-Marie Cohen

Réunion du 26 mai 2010 à 16h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Jean-Marie Cohen, coordinateur national des groupes régionaux d'observation de la grippe :

Dans les bulletins que je vous ai remis, figurent deux indicateurs : l'occurrence de grippes cliniques, forme très particulière de grippe ou d'infections ressemblant à la grippe et donnant une fièvre très élevée, et l'occurrence d'infections respiratoires aiguës donnant de la fièvre, mais pas nécessairement supérieure à 39°C. Les grippes cliniques représentent environ la moitié des infections respiratoires aiguës.

L'atout supplémentaire des groupes régionaux d'observation de la grippe par rapport au réseau Sentinelles est qu'ils ne sont pas constitués exclusivement de généralistes : ils associent également des médecins du travail, des pharmaciens, des infirmières, des entreprises vigies, l'armée… Pour établir les données, les médecins effectuent des prélèvements rhinopharyngés chez les sujets supposés grippés. Ces confirmations virologiques sont essentielles dans la surveillance d'une grippe pandémique car elles permettent de distinguer entre les vraies et les fausses grippes et de suivre très précisément les différents virus de la grippe. C'est grâce à cette analyse virologique fine pratiquée par les deux centres nationaux de référence, l'Institut Pasteur à Paris et les Hospices civils de Lyon, qu'on a pu suivre littéralement à la trace le virus H1N1 et le différencier d'autres virus, grippaux et non-grippaux. En septembre-octobre, il circulait encore peu, représentant moins de 10 % des cas de syndromes grippaux, alors que les rhinovirus, virus respiratoires saisonniers sans danger, étaient très nombreux. C'est la combinaison d'une surveillance clinique élargie, grâce à notre collaboration avec le réseau Sentinelles, et de ces analyses virologiques qui a permis à tout instant de savoir à peu près où on en était.

Les analyses ne sont pas simples pour la période 2009-2010 car il semble que le virus H1N1 ait donné chez certains sujets des formes de grippe avec très peu de fièvre, voire pas de fièvre du tout. Nous n'en sommes pas encore sûrs, les données étant encore en cours d'analyse. En novembre-décembre, beaucoup de gens ont eu mal à la tête et ont été très fatigués sans pour autant être fébriles ni tousser : nous nous demandons toujours s'ils ont eu ou non une forme inhabituelle de grippe, qui n'a pas rendu nécessaire de consultation médicale ni d'arrêt maladie. Ils se sont souvent contentés de demander un conseil à leur pharmacien, quand ils ne sont pas soignés eux-mêmes avec les médicaments de leur armoire à pharmacie. Bien qu'anormalement fatigués, ils ne se sont pas inquiétés, n'imputant pas leurs symptômes à la grippe. Et comme il s'agissait d'une forme clinique de grippe qui n'entrait dans le cadre ni des définitions traditionnelles ni des nouvelles alors élaborées, il est possible que certains cas de grippe véritable n'aient pas été recensés – ce qui n'est pas grave en soi, dans la mesure où la maladie est restée bénigne chez ces sujets. Mais lorsqu'on débat du nombre de cas, il importe de savoir qu'un certain nombre a pu passer inaperçu.

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