Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Réunion du 26 janvier 2012 à 9h30
Prévention du surendettement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Concernant les dispositifs en Europe, vous avez raison, monsieur le secrétaire d'État, tous les fichiers ne se valent pas, tous n'ont pas le même but, tous ne sont pas des fichiers de credit scoring. Il se trouve simplement que ceux qui ont mis en place de tels dispositifs démontrent leur utilité – je ne parle pas d'efficacité, je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de travers. Alors qu'en France, le surendettement moyen de quelqu'un qui passe devant la commission de surendettement – et vous me permettrez de faire observer qu'il y a tous ceux qui ne se déclarent pas en surendettement et qui donc ne sont pas pris en compte dans les 230 000 – s'élève à 45 000 euros par famille, contre 18 000 à 22 000 euros dans le reste de l'Union européenne, c'est-à-dire moitié moins.

C'est l'un des principaux désaccords que j'ai avec ce que vous venez de dire : l'argument qui nous est servi en permanence sur l'accident de la vie qui crée le surendettement – en clair, au moment où l'on contracte le crédit, il n'y a pas de problème, mais c'est le deuil, le divorce, le chômage qui fait qu'on n'arrive plus à rembourser le crédit –, cet argument est faux. Bien sûr, l'accident de la vie y est pour quelque chose, mais on constate aussi que, même après un deuil, un divorce, le chômage, des familles contractent des crédits et que les prêteurs prêtent sans même rien savoir de la situation.

Je vais vous donner un exemple. Il y a de cela un an et demi, ma femme et moi avons contracté un crédit gratuit, remboursable en trois fois sans frais, pour acheter des meubles. Nous avons donné notre situation professionnelle, familiale, financière et on nous a ouvert une ligne de crédit de 2 000 euros. Depuis dix-huit mois, je n'ai contracté aucun crédit, je n'ai rien sollicité, on n'a jamais vérifié ma situation. Le 9 janvier dernier, mon épouse reçoit une lettre de la société Finaref : « Chère madame Lagarde, aujourd'hui, grâce à votre carte, vous avez à votre disposition jusqu'à 2000 euros, à utiliser en toute liberté – c'est souligné. Votre demande sera traitée sous quarante-huit heures. Un achat coup de coeur, quelques travaux à réaliser, c'est l'occasion idéale pour vous de vous faire plaisir ou pour réaliser enfin vos projets. Très cordialement. »

Puisqu'on nous dit, dans les textes de loi, que c'est toujours l'information qui fait défaut, une toute petite ligne en bas de la lettre indique que le crédit engage et doit être remboursé, qu'il faut vérifier vos capacités de remboursement – qu'il vous faut vérifier, vous, consommateur – avant de vous engager. Est-ce sérieux ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion