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Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 11 janvier 2012 à 11h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants :

Madame Adam, la visite du président Karzaï fait suite à une initiative du Président de la République française prise le 12 juillet 2011 lors de sa visite en Afghanistan, au cours de laquelle il a annoncé le principe d'une proposition française d'un traité de partenariat et d'amitié, lequel comporte essentiellement un volet civil, dans des domaines qui nous sont familiers tels que l'agriculture, le développement rural, l'éducation, la culture, notamment en matière d'archéologie – la France dispose en Afghanistan, de longue date, d'une école archéologique et les Afghans sont attentifs à leur histoire, laquelle les libère d'un passé immédiat –, et la santé ; le ministre des affaires étrangères afghan est d'ailleurs un médecin formé en France et qui parle parfaitement notre langue.

Restait à traiter, pour signer ce texte, un point difficile et classique : le statut juridique et judiciaire des coopérants militaires. Nous l'avons réglé en réactualisant une convention ancienne. Ce traité, qui vaut pour vingt ans, avec un plan de coopération sur cinq ans (de 2012 à 2016), va donc pouvoir être signé. La durée prévue montre qu'il s'agit d'un engagement de long terme mais qui ne crée pas pour autant un partenariat définitif.

Le volet défense prévoit la mise en place de coopérants auprès du ministre de la défense afghan ainsi qu'au profit de l'enseignement militaire supérieur de l'Afghanistan. Il inclut un appui à la formation des cadres et des sous-officiers, des jumelages d'écoles, et surtout un enseignement de la langue française ainsi que la mise en place de bourses d'étude en France au profit de militaires afghans.

Il nous faut aussi examiner, dans le cadre du retrait français, les modalités selon lesquelles nos armées pourraient remettre certaines infrastructures et certains matériels aux forces afghanes.

Telles sont, Madame Adam, les raisons de la visite du président Karzaï. Celui-ci souhaite aussi, je le crois – et je m'en réjouis – rendre hommage aux soldats français.

L'action des talibans infiltrés doit être analysée en détail. En effet, une partie des morts que j'ai évoqués est décédée à la suite d'altercations entre militaires de la coalition et militaires afghans. Tel n'est bien sûr pas le cas de nos deux sous-officiers, qui ont, quant à eux, été froidement assassinés, dans une logique d'infiltration destinée à déstabiliser notre coopération. Pour répondre à cette logique, il faut utiliser les moyens de contre-terrorisme : identifier, suivre, former. Nous ne sommes hélas pas à l'abri d'actions terroristes : lors de la guerre d'Algérie, par exemple, les sections administratives spécialisées (SAS) et les officiers d'action indigène ont toujours été beaucoup plus exposés que les autres forces du fait qu'ils vivaient au contact de populations qui, à un moment, pour une raison ou une autre, retournaient leurs armes contre leurs cadres.

Nous sommes dans une situation de perplexité totale face à l'évolution du Pakistan : ce pays cherche ses marques. Il est finalement profondément schizophrène, entre sa méfiance vis-à-vis de l'Inde, qui justifie une armée démesurée et un fort pouvoir des militaires, et une volonté d'appartenir à une communauté internationale sans en accepter les disciplines. Des officiers de la coalition, notamment américains, ont aussi fait remarquer que de plus en plus d'officiers pakistanais sont formés localement, sans lien avec ni le Royaume-Uni, ni les États-Unis, qui étaient leurs partenaires traditionnels. Cette évolution produit des officiers beaucoup plus renfermés sur une culture locale et moins ouverts à la coopération. En même temps, la situation politique du Pakistan est totalement déstabilisée ; bien malin serait qui pourrait prédire les événements à venir. Il reste que malheureusement, l'instabilité du Pakistan est l'un des facteurs de risques majeurs d'une prolongation des tensions en Afghanistan. Ce pays est par ailleurs doté de la bombe atomique et en situation de guerre virtuelle avec l'Inde. Nous ne maîtrisons pas les évolutions auxquelles il peut donner lieu. C'est dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies et des alliances auxquelles la France appartient que notre pays s'efforce de l'amener à évoluer. Le Royaume-Uni est quant à lui dans une situation très difficile : ses liens avec le Pakistan sont très anciens et la communauté pakistanaise y est très nombreuse, avec les risques d'action terroristes que cela comporte.

Monsieur Guilloteau, je suis d'accord avec vous.

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