Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 11 janvier 2012 à 11h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants :

Madame Hostalier, dans l'immédiat, l'allègement de son dispositif ne rapportera pas beaucoup à l'armée française, pour la bonne raison que les coûts logistiques de rapatriement du matériel seront relativement élevés ; le budget des opérations extérieures (OPEX) consacré à l'Afghanistan est de 522 millions d'euros en 2011. En 2012, malgré la diminution des effectifs, son montant, du fait de ces coûts de rapatriement, sera comparable.

Il faut ajouter à ce budget celui de la coopération dans le secteur dont nous avons la charge, soit 17 millions d'euros environ – nous y avons consacré 50 millions d'euros en trois ans. Même s'il n'est pas comparable à celui de l'OPEX, ce budget représente un effort significatif, d'autant qu'il faut y ajouter les fonds que nous versons pour la coopération au titre de l'Union européenne. Celle-ci a coûté chaque année 180 millions d'euros environ ; notre part y a été en moyenne de 29 millions d'euros. Les montants consacrés à la coopération civilo-militaire sont donc significatifs. Cette coopération porte ses fruits essentiellement dans le domaine du développement rural, des infrastructures communautaires réalisées localement, de l'agriculture, de l'infrastructure électrique – notamment dans la vallée de la Kapisa à partir du barrage hydroélectrique que j'ai évoqué. Cette action ne pourra être alimentée ni cette année ni dans les deux années qui viennent par les budgets aujourd'hui consacrés aux OPEX ; et dès lors que ces budgets diminueront, c'est sur les budgets consacrés au développement et à la coopération qu'il faudra retrouver ces financements.

En revanche, il se construit une forme assez judicieuse d'échange de savoir-faire en matière de coopération entre l'armée afghane et les moyens modernes de la coalition. L'Afghan est un combattant. Cependant, il n'est pas toujours un combattant discipliné et a du mal à s'intégrer dans un système. En réalité, c'est un combattant « par vallée » : dans la vallée qui est la sienne, c'est un combattant formidable ; mais dans une autre vallée, il ne connaîtra pas les points d'appui ni les itinéraires. Nous essayons donc de faire accéder les cadres de l'armée afghane à des moyens modernes dont la pertinence est tout à fait justifiée ; tout ce qui est surveillance aérienne, par des drones, des avions voire des satellites ou encore des ballons doit être mis à disposition de l'armée afghane. Ces moyens donnent aux forces de la coalition la supériorité dans les conditions de combat de nuit, ce qui est assez nouveau dans ce type de conflit !

Si elle est rustique, l'armée afghane a besoin de soutien. L'évacuation médicale aussi doit être la plus moderne possible. Si nous ne lui donnons pas des moyens de soutien modernes, nous affaiblirons l'armée afghane face à un adversaire qui se situe dans la logique du faible au fort, c'est-à-dire qui choisit le lieu et le moment de l'affrontement, alors que l'armée afghane est obligée d'assurer la continuité de la protection sur l'ensemble du territoire, mission qui lui est coûteuse.

Monsieur Grall, le tuilage entre une action européenne de nature civile, comme au Kosovo, et une action militaire n'est pas aujourd'hui à l'ordre du jour en Afghanistan. Je ne suis pas sûr moi-même qu'il s'agisse d'une priorité. L'ordre du jour, c'est l'aide à l'institutionnalisation de l'armée et l'élaboration d'une coopération bilatérale sur les questions que nous identifions. Dans une coopération européenne, peut-être serons-nous un peu dilués… Le débat politique, dont le Parlement sera saisi, n'est pas encore ouvert.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion