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Intervention de Claude Leicher

Réunion du 1er décembre 2011 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Claude Leicher, président de MG France :

S'agissant du cancer du sein, nous débattons actuellement au niveau international de l'utilité du dépistage pour faire baisser la mortalité chez les femmes. Pour l'instant, rien ne prouve qu'il permet d'allonger l'espérance de vie, contrairement aux conclusions des premières études, réalisées dans les années quatre-vingt-dix. Nous serons peut-être amenés à modifier cette recommandation si les données de la science évoluent mais, pour l'instant, ce n'est pas le cas.

Par ailleurs, trop de mammographies sont réalisées avant cinquante ans, à un âge où la densité de la glande mammaire gêne la lecture de tels examens qui, en outre, se traduisent par des irradiations. Il y a de même trop de frottis réalisés sur les femmes jeunes, pas assez sur celles de plus de cinquante ans, tandis que des populations entières ne bénéficient pas de cette technique de dépistage. Or la population est informée et se demande pourquoi les gynécologues persistent dans ces prescriptions. Une certaine méfiance commence ainsi à se développer à l'égard de recommandations dont on s'aperçoit qu'elles sont entachées de conflits d'intérêts.

Si les taux de dépistage d'un médecin n'augmentent pas, c'est à nous, syndicats, et à l'assurance maladie, de nous interroger sur les raisons de ce fait. C'est probablement parce qu'il ne suffit pas de s'en remettre au système de santé, qu'il faut actionner d'autres leviers et agir, notamment, sur les déterminants culturels. Notre façon d'aborder la santé n'est pas adaptée à certaines des populations que nous soignons.

Quant au dépistage du cancer de la prostate, je commencerai par observer qu'il s'arrête à soixante-quinze ans alors que nous voyons de plus en plus d'hommes de plus de quatre-vingts ans dans nos cabinets. Cela étant, il importe que les médecins soient protégés des pressions exercées par les patients par des recommandations claires, précises et unanimes. Or, d'un côté, l'Association française d'urologie préconise un dépistage en population générale tous les deux ans à partir de cinquante ans et, de l'autre, la Société française de santé publique et toutes les sociétés internationales de santé publique nous disent qu'étendre trop le dépistage entraîne des opérations qui accroissent la mortalité, le nombre d'hommes incontinents et les problèmes d'impuissance post-chirurgicale, alors même que ces cancers n'auraient peut-être pas évolué. Nous, médecins généralistes, sommes donc partagés et je vous avoue humblement que, parfois, je craque, d'autant que nous avons aussi des patients de soixante-quinze ans en pleine forme, auxquels on ne donne pas leur âge et qui ne comprennent pas pourquoi on arrête de les soigner. Lorsqu'une demande de la population se manifeste, la loi la prend souvent en compte quelques années plus tard. Le législateur finit lui aussi par céder !

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