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Intervention de Jean Michel

Réunion du 7 décembre 2011 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Michel :

Deux observations préliminaires. Certes, les militaires doivent être associés mais l'histoire nous enseigne qu'en matière de défense et de souveraineté nationales, les choix doivent être portés par les politiques. S'agissant de l'ambition maritime de la France, il ne faut pas oublier que notre pays, de par la superficie de ses eaux territoriales, est la cinquième puissance au monde. Nous n'avons pas encore mesuré l'ampleur des richesses halieutiques et peut-être découvrirons-nous une nouvelle France au cours du XXIème siècle.

Monsieur le secrétaire général, je n'ai pas participé à l'élaboration du précédent Livre blanc, n'étant pas membre alors de cette commission. Il me semble que pour les concepts, on a fait du suivisme américain. Le terrorisme a ainsi été l'alpha et l'oméga de l'analyse stratégique du Livre blanc de 2008. Certes, les événements du 11 septembre peuvent l'expliquer en partie mais ce n'était pas la principale menace en termes de souveraineté et de défense nationales. Je me réjouis donc de vous voir abandonner cette vision globale du terrorisme pour vous attacher davantage à une conception plus ciblée.

Il ne faut pas faire la même erreur s'agissant de la menace balistique. Quelles sont les nations qui nous menacent aujourd'hui ? À une époque, notre défense portait « tous azimuts » et concernait à la fois l'Ouest et l'Est, même si la menace à laquelle nous pensions était surtout située à l'Est. Aujourd'hui, nous avons des alliés tant à l'Est qu'à l'Ouest et la menace par rapport à l'Iran ou à d'autres pays émergents peut exister, certes, mais pas dans les termes qui justifieraient la main mise d'une grande puissance sur tout un système de défense dans lequel l'Europe serait la seconde roue du char.

S'agissant de l'OTAN, le Président de la République a décidé de procéder à un revirement complet par rapport à la position traditionnelle de la France qui avait été arrêtée dans les années soixante. Il avait été prévu de tirer le bilan de cette décision. Cela n'a pas été fait par la commission de la défense – peut-être pourrions-nous le faire, monsieur le président, dans les quelques mois qui restent. Le retour dans le commandement intégré a-t-il permis de construire plus vite une défense européenne en donnant à la France un rôle majeur dans ce cadre ? Je ne le pense pas. La défense doit être au service d'une politique étrangère. Or les politiques étrangères des pays européens sont tout à fait différentes. On l'a vu pour l'Irak, la Libye ou la Syrie. Aujourd'hui la construction de la défense européenne est au point mort – si ce n'est en phase de régression – en dépit des initiatives du Triangle de Weimar ou du partenariat franco-britannique.

Enfin, une défense a besoin d'hommes et de matériels. Sur ce point, nous n'avons peut-être pas pris la dimension nécessaire pour avoir une défense opérationnelle. Sans les ravitailleurs américains, je ne sais comment nous aurions maintenu notre intervention en Libye sur une longue durée.

Au regard de la souveraineté nationale, des engagements pris, des changements intervenus, sommes-nous gagnants ou avons-nous, comme les autres pays européens, baissé la garde ? On s'aperçoit en fait que, lorsque les peuples sont capables de faire des efforts en faveur de leur défense, ils en font également pour leur économie. On a parlé de marchés émergents : on a oublié qu'il y a derrière ces marchés, des puissances émergentes qu'il convient de prendre en compte.

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