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Intervention de Jean-Paul Bailly

Réunion du 30 novembre 2011 à 10h00
Commission des affaires économiques

Jean-Paul Bailly, président-directeur général du groupe la Poste, président du conseil de surveillance de la Banque postale :

Où en est la Banque postale ? Que représente-t-elle pour La Poste ? Rappelons que La Poste se situe dans un environnement en pleine transformation : elle est soumise à 100% à la concurrence et elle est totalement immergée dans la société numérique, celle-ci étant porteuse à la fois d'un certain nombre de menaces – réduction significative du volume traditionnel du courrier – et d'opportunités en termes d'innovations et de diversification de l'activité.

La Poste est devenue un grand leader européen qui a fait le choix du service de proximité. Elle s'appuie sur le savoir-faire traditionnel des postiers – courrier, colis, express, banque, distribution – et sur l'excellence de la relation de service et de la confiance. Cette option nous a permis d'être aujourd'hui l'une des grandes postes, qui réussit bien dans le monde, à l'inverse de postes en difficultés, comme celles des États-Unis, du Royaume-Uni ou même, plus récemment, des Pays-Bas. Cette réussite se traduit par une dynamique de projets dans tous les secteurs : s'agissant du courrier, nous avons consenti un effort d'adaptation et d'innovation ; pour ce qui est du colis et de l'express, La Poste est devenue leader européen ; en ce qui concerne l'enseigne les bureaux de poste, nous visons un objectif d'excellence dans la relation de service, l'accueil, la prise en charge et la rapidité ; dans la téléphonie mobile, nos premiers pas comme opérateur virtuel sont très concluants. Sans oublier la Banque postale, sur laquelle je reviendrai.

L'ensemble du projet se traduit par une très bonne exécution des missions de service public et des résultats financiers solides. Ce modèle est robuste : La Poste aura probablement des résultats stables sur les quatre dernières années, de l'ordre de 800 millions d'euros, plus ou moins 100 millions d'euros. Il s'inscrit en outre dans le cadre d'un schéma social extrêmement respectueux des personnes s'agissant du développement des compétences, de l'égalité des chances ou de la confiance dans l'avenir. Entre 2002 et 2011, la confiance des postiers dans l'avenir a ainsi progressé de vingt points, et cela est dû à l'effort de tous les postiers. Tout le monde veillera donc à faire en sorte qu'aucun risque ne puisse remettre en cause le travail effectué au cours des dix dernières années. À cet égard, les réactions des représentants syndicaux et du personnel ont été très claires lorsqu'ils ont lu les premiers articles – totalement erronés – relatifs à Dexia : ils ont tous considérés qu'il était hors de question que la Banque postale soit le SAMU de Dexia.

La Banque postale est une banque en développement. Elle était déjà très présente dans l'épargne et l'assurance-vie. Elle progresse beaucoup aujourd'hui dans le crédit immobilier, dans le crédit à la consommation, dans l'assurance des dommages, dans la santé, la prévoyance, le financement des personnes morales, et, bientôt, celui des collectivités territoriales. Elle est solide mais encore en pleine croissance – ses fonds propres sont ainsi inférieurs à 5 milliards d'euros.

La Banque postale est également une banque de confiance, reconnue partout pour son sérieux – pas de produits toxiques, pas de subprimes. Elle est appréciée pour sa présence sur le territoire, pour son accessibilité. Sérieux, confiance, accessibilité : telles sont les raisons d'être fondamentales de la Banque postale. Lorsque le rapprochement avec Dexia a été évoqué, les réactions des clients ont été aussi claires que celles du personnel : ils nous ont tous demandé de ne pas prendre de risques inconsidérés. Cela nous a conduits à expliquer aux conseillers financiers quelle était la réalité des montages envisagés.

La Banque postale est enfin essentielle pour l'avenir du groupe. C'est la banque de tous les postiers : ils sont clients à 80 % et elle en fait travailler 60 000 – 2 000 à la Banque, 14 000 dans les centres financiers, 10 000 conseillers, 30 000 parmi les guichetiers. En outre, les résultats de la Banque contribuent pour moitié à ceux du groupe. À l'horizon 2015, nous devrions atteindre les deux tiers.

S'agissant des perspectives de financement des collectivités locales, nous avons répondu avec enthousiasme et fierté. C'est la preuve que nous avons la confiance du Gouvernement et de nos actionnaires. Nous allons devenir un acteur du financement des collectivités territoriales, en partenariat avec la Caisse des dépôts. Nous considérons que cette mission fait partie de notre ADN et de notre légitimité. Mais nous veillerons à ce que l'étanchéité avec le passé soit absolue : il est hors de question que la Banque postale et La Poste prennent des risques « réputationnels » ou financiers au titre du passé. La Banque est prête, en revanche, à assumer la totalité de ses responsabilités pour l'avenir. Le futur ne saurait être pollué par les séquelles du passé : cela serait inacceptable pour les clients, pour les postiers et pour la viabilité du groupe.

Nous sommes déterminés à aller dans cette direction. Nous le ferons dans le cadre d'une relation responsable et adulte avec les collectivités territoriales, et d'un modèle réinventé. Nous ne proposerons que des produits simples, adossés totalement en liquidités et à des taux permettant à la Banque d'améliorer si possible son coefficient d'exploitation, qui n'est aujourd'hui encore que de 85 % et que l'ACP souhaite voir rapidement passer au-dessous de 80 %.

Notre objectif, très ambitieux, je l'admets, est de pouvoir accorder les premiers crédits à la fin du premier trimestre 2012. En termes de parts de marché, il nous paraît raisonnable d'envisager 25 à 30 %, de manière à être un acteur significatif mais non dominant ou monopolistique. En ce domaine comme dans les autres, il est de l'intérêt des acteurs et des collectivités territoriales qu'il existe un marché et une vraie concurrence.

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