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Intervention de Serge Mostura

Réunion du 23 novembre 2011 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Serge Mostura, directeur du Centre de crise du ministère des affaires étrangères et européennes :

Monsieur Terrot, nous surveillons l'arc de crise qui va, grosso modo, de la Mauritanie à l'Asie centrale. S'agissant du Sahel, nous sommes dans la logique que nous avons baptisée « Sahel plus ». Nous regardons le Tchad, le Burkina, le Sénégal mais aussi le Nigéria. Nous avons ainsi constaté récemment des liens entre la secte boko haram et AQMI. Ces pays passent donc pour partie en zone rouge. Quant au suivi psychologique post-crise, il est assuré en général par la CUMPF, la cellule d'urgence médico-psychologique française, qui est en quelque sorte le SAMU de l'esprit. Encore faut-il que les personnes soient d'accord pour recevoir cette assistance, ce qui n'est pas toujours le cas, malheureusement.

Monsieur Loncle, nous ne sommes pas passés de façon binaire de zones à risques à des zones rouges. L'évolution de la cartographie des risques sur le Sahel sur deux ou trois ans est tout à fait frappante : si nous passions les cartes successives à vitesse accélérée, nous aurions l'impression d'un rideau qui descend, le rideau orange chassant le rideau vert et étant lui-même progressivement remplacé par un rideau rouge. Les décisions n'ont pas été prises en un jour : elles sont le fruit de réflexion et ont été expliquées aux autorités locales en plein accord avec les ambassadeurs. Bien conscients des problèmes que vous signalez, nous essayons néanmoins d'aider les entreprises à travailler dans ces zones en leur demandant de mettre en place des plans de sécurité. Enfin, notre logique de sécurité des ressortissants français n'est pas aveugle. C'est encore moins une logique de désertion : il ne s'agit pas de laisser la place à AQMI. Nous essayons donc d'apporter aux États concernés une assistance en matière de développement et de renforcement de leurs forces de sécurité. Bref, nous sommes conscients de la problématique au Sahel, et si la sécurité est une priorité, ce n'est pas le seul paramètre de notre raisonnement.

Madame Colot, oui, bien sûr, d'autres pays disposent également de centre de crise, plus ou moins développé, et nous avons des liens étroits avec eux. C'est le cas avec les centres britannique, italien, belge. Lors des événements d'Abidjan, nous avons ainsi transporté des agents consulaires britanniques et belges. Nous travaillons également en concertation très étroite avec les Américains et les Britanniques en matière de conseil aux voyageurs puisque ce sont les deux seuls pays avec la France à maintenir un réseau à dimension mondiale et donc à disposer de toutes sortes d'informations.

S'agissant de la rémunération de nos prestations, des mécanismes existent : nous pouvons encaisser par exemple le prix d'un billet d'avion lorsque nous évacuons un ressortissant européen, mais également bénéficier de subventions de la Commission européenne. Certes, c'est appréciable mais cela ne modifie pas de façon significative notre équilibre budgétaire. En revanche, si l'on nous demande d'inclure dans nos plans de sécurité des milliers de ressortissants européens, les choses seront très différentes. Nous serions alors dans une autre logique : il s'agirait non plus de rémunérations mais de l'emploi d'un fonctionnaire à temps plein, soit quarante ans de carrière… Bref, il faudrait un ETP et pas quelques euros de remboursement.

Monsieur Salles, oui, il existe des formes de coopération entre les centres de crise. Avec la Commission et le service diplomatique européen à Bruxelles, nous effectuons parfois des exercices conjoints. Cela a été le cas sous présidence française. Il y a en outre un flot permanent d'échanges d'informations.

Madame Bourragué, Ariane permet en effet, sur une base volontaire, d'enregistrer un voyage à l'étranger. Après avoir communiqué votre nom, votre numéro de téléphone, votre destination, le nom de ceux qui vous accompagnent et un contact en France, vous aurez la garantie d'être contacté en cas de crise, pour autant que votre téléphone portable fonctionne. Ce dispositif est un beau succès : 17 000 personnes se sont inscrites en cinq mois. Nous l'avons utilisé quatorze fois pour signaler des tremblements de terre, des typhons, des attentats. Nous avons en outre le plein soutien des professions intéressées : les compagnies aériennes, le syndicat de l'aviation marchande, les tour-opérateurs. Alors que ceux-ci révisent actuellement leur charte, le responsable du CETO, le syndicat national des tour-opérateurs, m'a indiqué qu'il souhaitait précisément faire figurer dans ce document que les bons tour-opérateurs devaient inscrire leurs voyageurs sur Ariane. Le bel effort que nous avons fait pour faire connaître ce dispositif a d'ailleurs porté ses fruits : hier soir, j'ai pu vérifier en effet que la première référence qui sort lorsqu'on tape Ariane sur Google est la nôtre. Il y a pourtant des tas de choses qui s'appellent Ariane…

Sur l'utilisation des kits sanitaires, nous allons encore progresser grâce à une convention passée avec l'EPRUS. Cet établissement public dépendant du ministère de la santé va s'engager, contre paiement évidemment, à préparer pour nous des kits de médicaments d'urgence que nous pourrons livrer à l'étranger. Il y a des kits personnels mais aussi des kits dont le poids de base est de cinq tonnes.

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