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Intervention de Axel Poniatowski

Réunion du 23 novembre 2011 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxel Poniatowski, président :

Je retiens que toutes les interventions ont mis en avant le motif culturel du déficit de notre commerce extérieur. Le problème culturel est une évidence. Il est historique : le Français ne s'exporte pas ; les migrations européennes ont été le fait des Italiens, des Espagnols, des Britanniques, des Allemands, etc mais jamais des Français, peut-être est-ce parce qu'il fait trop bon vivre dans notre pays…La France n'a pas de culture d'exportation car ses citoyens n'émigrent pas. La présence de diasporas est un puissant facteur d'aide à l'exportation sur lequel la France ne peut pas compter. Les entreprises françaises ne sont par ailleurs pas orientées vers l'export. A titre d'exemple, j'ai lu récemment que les grandes sociétés françaises n'emploient que 17 % de cadres étrangers contre 27 % pour la moyenne européenne. Or la mondialisation des échanges réclame une diversité dans l'encadrement. Enfin, les Français sont le peuple européen qui maîtrise le plus mal l'anglais, c'est un handicap important.

La mission n'a pas fait de propositions sur la dimension culturelle, pourtant essentielle, car ce n'était pas l'objet de son travail. Nous avons concentré nos propositions sur les aspects financiers qui sont déterminants.

La première difficulté tient à la taille des entreprises. A cet égard, Ubifrance doit encore s'améliorer car son action est trop tournée vers les très petites entreprises. En ne démarchant pas les entreprises plus grosses, Ubifrance risque d'accompagner des sociétés qui ne renouvelleront pas l'expérience de l'exportation ensuite. Il est essentiel de développer des entreprises de taille intermédiaire, c'est-à-dire plus grosses et en meilleure santé.

Ce dernier point a été constamment mis en avant par les entrepreneurs que nous avons interrogés sur leurs besoins. Pour pouvoir exporter, les entreprises doivent être en bonne santé alors qu'aujourd'hui elles ne font pas assez de bénéfices et manquent de fonds propres pour conquérir des marchés. C'est pour cette raison que l'aspect financier nous est apparu primordial.

La TVA sociale, qu'ont évoquée M. Terrot et, avec des réserves, M. de Charette, est un élément important. L'augmentation des taxes sur les produits étrangers renforcera mécaniquement la compétitivité des produits français. Cette TVA rend plus cher les produits étrangers sans affecter les prix de la production nationale.

Je veux dire à M. Bataille que tous les pays européens mais aussi les Etats-Unis, connaissent des problèmes avec leur secteur automobile à l'exception des pays asiatiques pour des raisons de coût et de l'Allemagne. Cette dernière, cela a déjà été mentionné, vend des voitures plus chères mais dispose surtout d'une filière automobile totalement intégrée.

Nous aurions souhaité soumettre des propositions sur les filières. En effet, c'est une force des Allemands et des Italiens que de contrôler les filières de production de A à Z. L'exemple de la filière du bois en France est éclairant : alors que nous disposons du deuxième massif forestier européen, nous sommes incapables d'exporter autre chose que du bois brut. Il est essentiel de mettre en place un comité stratégique dans ce domaine pour parvenir à exporter des produits avec une valeur ajoutée.

Nos deux domaines les plus performants à l'export, ceux pour lesquels nos excédents sont les plus importants, sont l'aéronautique et le vin qui n'ont pourtant rien en commun. En dépit d'une baisse de la production viticole, les exportations progressent grâce à une valeur ajoutée accrue. La filière viticole réussit car les producteurs de vin, sans parler l'anglais pour la plupart, sont très bien organisés. C'est pourquoi nous insistons dans nos propositions sur la nécessité de regrouper les forces.

En conclusion, ce sujet nous a passionnés. J'espère que nos propositions contribueront à enrichir le débat et qu'elles seront d ans un proche avenir mises en oeuvre parce qu'elles sont essentielles pour notre économie.

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