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Intervention de Isabelle Hébert

Réunion du 10 novembre 2011 à 9h30
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Isabelle Hébert, directrice stratégie et marketing, santé et prévoyance du groupe Malakoff Médéric :

Le triptyque de la prévention repose sur les trois piliers de la prévention primaire, secondaire et tertiaire.

Je ne m'étendrai pas sur la prévention primaire, qui est assez commune à l'ensemble des organismes. Les thèmes sont bien connus et ne sont d'ailleurs pas propres à notre pays : nutrition, tabac, activité physique, entre autres. Nos contrats collectifs standards incluent ainsi, sans surcoût, le remboursement de certains dépistages et de certaines vaccinations, et des services d'accompagnement concernant la nutrition et la lutte contre le tabagisme. Telle est notre offre pour les entreprises moyennes. Les grandes entreprises ont, quant à elles, un choix un peu plus large et peuvent opter pour plus ou moins de prévention primaire.

De nos discussions avec les directeurs des ressources humaines, il ressort qu'ils sont parfaitement conscients que nos actions sur les facteurs de risque ou les pathologies chroniques contribueront à réduire les coûts globaux de santé supportés par le régime obligatoire et les régimes complémentaires, mais auront aussi une incidence sur la prévoyance, du fait par exemple d'un moindre absentéisme ou d'une meilleure prévention de la perte d'autonomie.

J'en viens à la prévention secondaire. Nous avons lancé un projet sur l'hypertension artérielle dans le cadre d'un appel d'offres émis par le ministère de l'industrie. Celui-ci recherchait un consortium de partenaires capables d'apporter des solutions complètes en matière de prévention, par le biais de la télémédecine. Nous n'avons pas hésité à constituer, sous l'égide du Centre technique des institutions de prévoyance, un dossier en partenariat avec certains de nos concurrents, notre idée étant que la prévention est plus efficace si elle est bien coordonnée.

Ce projet consiste à dépister l'hypertension artérielle chez les salariés au sein même des entreprises, ce qui a posé d'ailleurs le problème de la coordination avec la médecine du travail et les partenaires sociaux, et à offrir aux sujets hypertendus le moyen de « gérer » leur hypertension à domicile, avec à la fois un dispositif communicant offrant une interface pour le médecin traitant et un programme d'accompagnement médicalisé personnalisé ne se limitant pas à une assistance de base, mais comportant une réelle dimension psychologique. La technologie en effet ne suffit pas. L'accompagnement est essentiel pour que, d'une part, les dispositifs médicaux soient correctement utilisés et que, d'autre part, les patients s'engagent durablement dans le programme.

Notre projet a été retenu par le ministère de l'industrie qui souhaitait que se développe dans notre pays une nouvelle industrie autour de la télémédecine. Nous avons obtenu un soutien financier au titre du programme « Initiative Entreprises Innovantes » : il fallait en effet une petite et moyenne entreprise capable de développer à la fois des interfaces web et des dispositifs communicants. Après que notre dossier a été accepté, nous avons trouvé d'autres partenaires – entreprises de haute technologie, médecins à même d'apporter l'intelligence clinique nécessaire dans les dispositifs, plateformes de programmes d'accompagnement, acteurs régionaux et institutionnels – et avons pu nous autofinancer en partie.

Le pilote a été lancé dans le Nord-Pas-de-Calais, en accord avec l'agence régionale de santé, et nous devons signer tout prochainement avec celle-ci le contrat définitif. Elle a d'ailleurs inclus ce projet de télémédecine dans son schéma de prévention. Nous avons aussi travaillé avec la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés parce que prévenir et traiter à temps l'hypertension représente un gain aussi bien pour l'assurance maladie obligatoire que pour les régimes complémentaires.

Nous avons été nous-mêmes surpris de l'intérêt de nos clients, toutes catégories confondues, pour ce programme. Notre plus gros client y a adhéré tout de suite, mobilisant ses propres équipes de communication et mettant à profit sa « journée santé » pour promouvoir le programme. Le succès a été au rendez-vous du côté des entreprises mais aussi des salariés, nombreux à être venus se faire dépister sur leur lieu de travail, en toute confidentialité. Le Nord-Pas-de-Calais présente sans doute des caractéristiques sanitaires particulières, mais en moins de trois semaines une hypertension a ainsi été détectée chez plus de cinq cents personnes, qu'elles l'aient découverte à cette occasion ou qu'elles aient eu connaissance de leur état antérieurement. Et, dans une seule entreprise, cent cinquante personnes sont déjà entrées dans le programme. Celui-ci s'étalera sur dix-huit mois, comme prévu dans le cadre du financement du ministère de l'industrie. L'objectif est de parvenir à un millier de personnes bénéficiant d'un programme d'accompagnement. Au-delà de la satisfaction des patients, nous évaluerons aussi l'expérience d'un point de vue médico-économique. Nous allons travailler sur ce point avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale et l'école d'ingénieurs Télécom Bretagne, l'idée étant de créer un modèle industriel reproductible sous une forme peut-être différente tout en faisant appel à la même technologie, pour d'autres pathologies, d'autres populations comme les retraités et d'autres régions. Nous avons travaillé avec de très nombreux partenaires et ce que nous avons appris pour mettre au point cette action complexe de prévention multidimensionnelle nous sera précieux pour envisager les modalités d'une généralisation de l'expérience.

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