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Intervention de Laurent Moreau

Réunion du 10 novembre 2011 à 9h30
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Laurent Moreau, directeur médical de Groupama :

Nous sommes confrontés à plusieurs difficultés dans la mise en oeuvre des programmes de prévention. La première tient au recul indispensable pour toute évaluation. Pour pouvoir évaluer les résultats de nos actions de prévention, il est nécessaire que les personnes restent assurées dans notre groupe sur une période assez longue. Or, la durée moyenne des contrats est relativement brève. La deuxième difficulté est liée au manque de coordination.

Notre action est triple. Il y a tout d'abord ce qui est contenu dans les contrats eux-mêmes : diverses actions, pas ou peu financées par l'assurance maladie, peuvent être prises en charge, le cas échéant, par l'assurance complémentaire.

Ensuite des messages spécifiques d'information et de prévention sont diffusés auprès des assurés, au travers de trois canaux. Le premier canal consiste en des lettres d'information santé envoyées régulièrement aux assurés – chez Groupama, ces lettres, diffusées à environ 500 000 exemplaires, comportent chacune des fiches de prévention rédigées par des professionnels de santé et qui s'inspirent très largement des priorités de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé. Ensuite, il existe un deuxième canal qui utilise les sites internet – celui de Groupama comporte une rubrique spécifique prévention, mais nous avons aussi ouvert il y a quelques mois un site spécifique « Vivons prévention », destiné à l'ensemble de la population, avec l'ambition qu'il devienne un site de référence. Enfin, le dernier canal réside dans les conférences santé, organisées sur l'ensemble du territoire. Elles rassemblent chaque année plusieurs milliers de personnes au cours desquelles est délivrée de l'information sur la nutrition, l'activité physique, la lutte contre le surpoids ou le tabagisme. Pour chaque conférence, un expert vient en région débattre de l'un de ces sujets, au plus près de la population.

Enfin, nous développons, en liaison avec la Mutualité sociale agricole le plus souvent, divers programmes expérimentaux de santé publique. Le premier, « Partenaires santé », a été lancé en 2000 dans le cadre des expérimentations « Soubie » et se poursuit, ayant d'ailleurs été repris par l'assurance maladie dans certaines régions, notamment en Bretagne. Il réunit les professionnels de santé en groupes de pairs avec pour objectif de favoriser la qualité des soins. Nous travaillons avec les médecins à réduire certains facteurs de risques. Un programme a ainsi été lancé visant à limiter le nombre de médicaments prescrits chez les personnes âgées et à abaisser la morbidité liée à la polymédication. Un autre a permis de diminuer de moitié les prescriptions de benzodiazépines de la part des médecins participants. Les résultats de ces expérimentations ont été publiés dans des revues médicales.

Un autre type de programme comportant d'importants volets prévention, intitulé « Pays de santé », mené là encore avec la Mutualité sociale agricole, vise à maintenir une offre de soins adaptée aux besoins de la population en milieu rural. En effet, les incitations financières et fiscales ne suffisent pas à lutter contre les déserts médicaux. La qualité de l'exercice professionnel est déterminante. Quand elle se dégrade par trop, les praticiens partent exercer en ville, dans un environnement plus favorable, ou du moins perçu comme tel. Nous avons donc mis en place dans certains territoires ruraux une infirmière de santé publique qui coordonne toute une série de services, destinés à faciliter la tâche des professionnels de santé, comme des patients.

En matière de prévention, il convient de mentionner notre action d'éducation thérapeutique classique, effectuée en liaison avec la Mutualité sociale agricole, en direction des patients diabétiques ou souffrant de maladies cardio-vasculaires. Dans une perspective de prévention tertiaire, l'objectif est d'éviter l'aggravation des pathologies. Cela fonctionne parfaitement quand on travaille au plus près du terrain, avec les acteurs locaux. Coordonner l'action des médecins, des élus, des associations au niveau d'un canton permet de toucher davantage de gens que si l'on agit au niveau départemental, et a fortiori régional. Pour la prévention de l'obésité, nous avons mis en place un programme semblable s'adressant à des patients en surpoids que les médecins orientent préventivement vers des diététiciennes afin d'éviter qu'ils ne deviennent obèses.

Il existe un autre type d'action de prévention, développée dans les Ardennes en partenariat avec le réseau de santé CARéDIAB, qui y met à disposition un rétinographe mobile. L'examen du fond d'oeil, réalisé sur place chez des patients diabétiques est analysé à distance par un ophtalmologiste. L'enjeu de santé publique est important car, si ces patients n'effectuent pas régulièrement cet examen, ils risquent vraiment de perdre la vue. Or, dans les zones rurales notamment, outre la longueur du trajet pour pouvoir consulter un ophtalmologiste, il n'est pas rare, comme dans les Ardennes, de devoir attendre neuf ou douze mois pour obtenir un rendez-vous. Le déplacement de cet appareil sur le terrain, couplé à la télémédecine, permet de dépister précocement et de traiter à temps les rétinopathies spécifiques du diabète.

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