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Intervention de Jean-Pierre Kucheida

Réunion du 8 novembre 2011 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2012 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Kucheida :

Monsieur le président, monsieur le ministre d'État, mes chers collègues, l'action extérieure de l'État est la clé de la stratégie d'influence et du rayonnement de la France à l'échelle internationale. Ce volet du budget est particulièrement observé. Il est l'image que reflète notre pays à l'étranger et, compte tenu de vos ambitions, monsieur le ministre d'État, il vous reste beaucoup de chemin à parcourir.

En juillet 2010, vous cosigniez avec Hubert Védrine une tribune dans Le Monde sous le titre alarmant « Cessez d'affaiblir le Quai d'Orsay », soulignant que « l'outil diplomatique français [était] sur le point d'être cassé ». Désormais en charge de ce portefeuille ministériel, vous vous contenez de dire qu' « on peut faire mieux avec moins ».

Je ne suis pas partisan du moins-disant et je ne peux que déplorer ce budget qui ne propose que des rééquilibrages de postes de dépenses grâce à quelques économies glanées ça et là, entre autres sur les ressources humaines de la diplomatie française, aux dépens, comme par hasard, des catégories B et C, qui sont les plus touchées.

Cela souligné, je voudrais évoquer l'extinction de l'exception diplomatique française, extinction confirmée en juin dernier après que le chef de l'État eut annoncé le retrait progressif des forces françaises engagées en Afghanistan.

Avec l'ensemble du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, je demande ce retrait depuis des années, comme en témoignent nos initiatives, sans cesse repoussées à coup d'arguments présentés comme incontestables. Ce retrait se justifie par des raisons évidentes : la coalition et la France, tout particulièrement, n'ont pas la confiance des Afghans, j'ai pu le vérifier à trois reprises sur place. Elles sont considérées comme une armée d'occupation dans un pays qui ne comprend pas que la chasse qui avait été donnée au terrorisme au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 se soit muée en une présence décennale dont la vocation humanitaire et humaniste est presque toujours un échec.

Il n'aura fallu que la décision de Barack Obama de retirer l'énorme déploiement militaire américain de l'Afghanistan pour que le chef de l'État proclame, le jour suivant, que la France fera de même « compte tenu des progrès enregistrés ».

Envolés, les arguments incontestables qui faisaient de la présence française en Afghanistan une absolue nécessité, alors même qu'Al-Qaida avait déjà déserté les terres afghanes !

L'année 2011 a été la plus meurtrière pour les soldats français engagés sur ce théâtre. De surcroît, rien ne transpire du nombre de soldats blessés depuis le début de nos engagements ; comment la santé de nos soldats a-t-elle évolué, comment vivent-ils, ont-ils réussi leur intégration ? Autant de questions que nous nous posons.

L'Afghanistan aura-t-il d'autre part servi de leçon ? L'engagement français en Libye s'est conformé au mandat de l'ONU et a cessé avec la chute du colonel Kadhafi ; mais combien de fois, pendant ces neuf mois de guerre, a-t-on redouté de sombrer dans l'enlisement ? La France aurait-elle alors persisté dans son action ? Et qu'en est-il de l'après-Kadhafi, avec le retour de la charia…

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