Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de général Jean-Paul Paloméros

Réunion du 11 octobre 2011 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Paul Paloméros :

Il faut en effet, monsieur Guilloteau, que les opérations se terminent, mais cela suppose d'avoir des certitudes quant à la stabilisation de la situation en Libye. Au-delà des deux poches de résistance pour lesquelles les opérations évoluent positivement chaque jour, il nous faut nous assurer que rien, dans l'ensemble du pays, ne puisse compromettre la sécurité du territoire libyen et de la population. C'est à ce moment seulement que nous aurons atteint les objectifs qui nous ont été fixés.

J'en tire deux conclusions partielles. Tout d'abord, tout le monde est d'accord, au plus haut niveau, pour fixer des critères déterminant la fin des opérations – c'est, selon moi, une question de jours ou de semaines. Par ailleurs, et c'est là une autre étape, il faut réfléchir à l'avenir : la Libye aura besoin de soutien pour reconstruire sa sécurité, dans le cadre d'une négociation beaucoup plus vaste où la France voudra peut-être – mais ce n'est pas de mon ressort – jouer un rôle.

Le retour d'expérience est un processus continu. Ainsi, l'opération Harmattan a démontré la capacité d'autonomie et à « entrer en premier » évoquée notamment dans le Livre blanc. De fait, peu de pays étaient prêts à engager instantanément leurs forces le 19 mars. La France l'a fait grâce à ce processus continu et aux compétences rares qui nous ont permis de contrôler les opérations en temps réel et à distance, notamment depuis Mont Verdun et Paris, en disposant de tous les outils nécessaires.

Il faut également souligner que nous n'avons pas eu à lancer de programmes en urgence opérationnelle pour l'adaptation de différents armements, comme nous l'avions fait lors de l'opération au Kosovo. C'est là une belle réussite de notre programmation. Le Rafale polyvalent a été disponible en temps voulu, ce qui est une performance, l'adaptation des pods de reconnaissance et des armements guidés par laser remontant à quelques mois seulement. Je répète souvent que « la guerre, c'est demain », ce qui suppose que nous soyons prêts à la faire tout de suite. Nous ne devons donc pas prendre de retard dans l'adaptation de nos équipements, même si cela conduit parfois à la création de micro-flottes.

Tous nos choix se sont révélés pertinents. Ainsi, la polyvalence que nous recherchions pour le Rafale n'était pas seulement celle de ses missions, mais également celle de ses effets : le développement de la famille d'armements air-sol modulaires a permis l'intégration à moindre coût d'une famille de munitions permettant de développer à la fois des armements plus lourds et plus légers, destinés à des objectifs différents. Plus les séries sont longues et l'exportation importante, plus faibles seront les coûts. Il faut cependant souligner que la miniaturisation, certes indispensable, a un prix souvent élevé. Nous avons ainsi testé de nombreux systèmes, comme les bombes à béton, efficaces lorsqu'elles font mouche – ce qui est le cas dans 50 % des cas –, mais qui exigent un système de guidage centimétrique.

Pour résumer, c'est l'entraînement quotidien et exigeant de nos équipages qui paie. C'est non seulement le nombre d'heures de vol, mais aussi tout notre système de formation qui se concrétisent ici, ce qui doit nous inciter à continuer à nous battre pour la disponibilité de nos appareils et pour la conduite d'exercices dans des conditions réalistes, notamment en nous entraînant avec nos partenaires, en particulier Britanniques.

L'armée de l'air était prête au bon moment et a réussi à durer. Je ne vous ai pas caché les difficultés liées à la régénération des forces au terme de près de sept mois d'efforts qui s'ajoutent à notre déploiement sur de nombreux théâtres, mais, avec les compétences dont nous disposons aujourd'hui et avec votre soutien, nous pourrons mener à bien ces missions. Les quelques dizaines de millions d'euros nécessaires porteront leurs fruits, comme le font aujourd'hui les budgets investis voilà quelques années.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion