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Intervention de général Jean-Paul Paloméros

Réunion du 11 octobre 2011 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Paul Paloméros :

Dans la répartition actuelle des responsabilités, le drone Heron TP relève aujourd'hui de l'état-major des armées et des services du DGA. Une équipe pluridisciplinaire doit se rendre prochainement en Israël pour en savoir plus et des études ont été lancées pour connaître le potentiel d'évolution de cet équipement. Nous avons réussi à convaincre l'ensemble des acteurs que les drones futurs devaient pouvoir être armés en tant que de besoin et avec des armements adaptés. Il conviendra de savoir quelles adaptations devront être apportées à ces systèmes pour les intégrer à notre dispositif, comme nous l'avons fait lors de l'acquisition du SIDM – baptisé Harfang –, auquel ont été adaptés de précieux systèmes tels que la Satcom pour les liaisons satellitaires. Ce drone a ainsi pu être utilisé en Afghanistan et en Libye et toutes les études montrent qu'ils pourraient être utilisés ailleurs si cela s'avérait nécessaire. Ces technologies rares répondent donc à un besoin fondamental et nous serons très exigeants en la matière – c'est notre métier. Nous devons obtenir au minimum le même niveau de service qu'aujourd'hui : il a suffi de quelques jours, en Sicile, pour intégrer le Harfang, ce qui a permis de diffuser l'information à tous les acteurs du terrain.

Le démonstrateur SPIRALE relève quant à lui plutôt du commandement interarmées de l'espace, mais l'armée de l'air porte une attention toute particulière à l'espace, domaine dans lequel elle possède de grandes compétences et tient à garder un rôle moteur. Le succès du démonstrateur nous permet de nourrir quelques ambitions en la matière. Bien qu'il semble difficile de transformer le démonstrateur SPIRALE en outil opérationnel, comme cela a pu être le cas pour d'autres démonstrateurs, de tels outils sont nécessaires pour connaître les menaces balistiques de toute nature. Avant même toute action, une telle connaissance est indispensable pour nous éviter d'être tributaires d'informations issues d'autres sources.

Madame Hostalier, vous m'interrogez pour savoir si la concomitance des opérations et de la restructuration entraînera une redistribution des moyens prévus par une réforme dont les objectifs ont été définis en 2007-2008. Je vous répondrai qu'il semble que nous ne pourrons tenir les termes de cette réforme – comme le fait d'ailleurs très rigoureusement l'armée de l'air – que si cette dernière s'accompagne d'une modernisation. Nous avons atteint des objectifs chiffrés mesurables. L'étape suivante fera sans doute l'objet d'un débat en 2012 ou 2013, mais, si les aviateurs ne touchent pas les fruits de cette modernisation, ils se sentiront un peu lésés. Certains éléments de modernisation déjà acquis ne sont certes pas négligeables, mais il ne faut pas s'arrêter là, sous peine de perdre une partie des fruits de notre investissement. Du reste, la réforme ne sera pas achevée en 2012 et la réduction des effectifs court jusqu'en 2016.

Il faudra veiller à préserver, voire à développer, les compétences nécessaires, en rééquilibrant notre effort. Cela ne concernera peut-être que de petits effectifs, car les capacités tiennent parfois à un petit nombre d'hommes très compétents, comme le montrent les exemples de l'escadron de drones et de l'escadron de sauvetage et de combat de Cazaux. Ce dernier, sollicité à la fois en Afghanistan et en Libye, ne dispose cependant plus à Cazaux que de deux hélicoptères, ce qui est insuffisant pour entraîner le personnel. Des décisions devront donc être prises rapidement.

La relation entre l'armée de l'air française et la Royal Air Force est ancienne et nous célébrerons bientôt, avec mon homologue britannique, l'action des forces aériennes françaises libres depuis le Royaume-Uni. La coopération, bien que prometteuse, est difficile, car nous disposons de peu d'équipements communs hormis les missiles de croisière – puis, demain, l'A400M et, souhaitons-le, les MRTT que nous partagerons et qui représenteront une masse critique intéressante. Nous menons aujourd'hui même un exercice de projection de forces en Écosse et harmonisons nos procédures. La coopération est pragmatique et elle progresse. Il sera cependant difficile de la concrétiser à court terme dans de grands projets très visibles, et il convient donc de travailler sur le long terme. Le projet de drones à l'horizon 2020 est en ce sens intéressant, malgré les difficultés d'interfaçage liées au fait que le Royaume-Uni s'équipe actuellement de drones américains. Au-delà du domaine opérationnel, dans lequel la convergence est relativement facile, il sera donc nécessaire de rapprocher les calendriers politiques et budgétaires.

Le niveau de modernisation des deux armées de l'air est très différent. Le Royaume-Uni a modernisé une bonne partie de sa flotte de transport et acquiert actuellement des ravitailleurs de nouvelle génération et une dizaine de drones du type Reaper. Par ailleurs, alors que la France mise exclusivement sur le Rafale et le Mirage 2000D, le Royaume-Uni prévoit d'utiliser trois avions : le Tornado, l'Eurofighter et, malheureusement, le F35 JSF américain. Pourquoi, comme je n'ai pas manqué de le demander à nos amis indiens, acheter cet avion de combat à caractère plutôt offensif si l'Eurofighter est annoncé comme un appareil polyvalent ?

Quant à la campagne de recrutement, nous en sommes très satisfaits. Il faut en effet préparer l'avenir en attirant tous les talents – nous avons ainsi souligné que l'armée de l'air était « toute une armée ». La campagne visait également, en termes de communication interne, à mettre en valeur tous les hommes et les femmes de l'armée de l'air, du pilote à celui qui le soutient.

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