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Intervention de Marguerite Lamour

Réunion du 12 octobre 2011 à 11h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarguerite Lamour, rapporteur pour avis :

Je me suis déplacée récemment sur les bases navales de Brest et Toulon, et je confirme que le moral de nos marins est bon, quels que soient les personnels. Ils sont légitimement fiers d'avoir participé à un moment inédit avec l'opération Harmattan. Je voudrais leur rendre hommage car ils ont fait oeuvre de paix, ce qui est le coeur même de leur métier.

J'ai également perçu quelques interrogations sur la mise en place des bases de défense. Ce qui devait être une simplification apparaît parfois comme une complication, car les marins ont le sentiment que l'on a créé des tuyaux d'orgue en multipliant les interlocuteurs – service logistique de la marine, soutiens spécialisés, groupement de soutien – là où ils n'en avaient qu'un, le commissariat de la marine. Est-il prévu des ajustements, des points d'étape ?

Vous avez évoqué la mobilisation importante que l'opération Harmattan a nécessitée et les conséquences sur le matériel mais aussi sur l'entraînement et la formation de nos marins. Compte tenu de leur « surutilisation », cela signifie-t-il qu'il sera difficile, dans les mois qui viennent, de conserver des temps de mer suffisants pour nos marins ?

Vous disposez d'un parc de navires de générations différentes – entre la frégate Aquitaine et le Tourville, il y a un monde. Quelle est l'incidence de cette diversité du matériel sur le coût du maintien en condition opérationnelle (MCO) ?

Vous nous avez parlé de déflation des effectifs, mais la marine est également un gros recruteur avec près de 3 000 personnes par an, dont certains sur des spécialités très pointues. C'est le cas par exemple des atomiciens qu'il convient de recruter puis de fidéliser. Quelles mesures catégorielles sont envisageables pour ces personnels ?

Je n'évoquerai pas le second porte-avions mais j'imagine que, comme chef d'état-major de la marine vous êtes favorable à sa construction pour assurer la permanence à la mer. C'est une réponse politique que nous devons apporter.

Dernier point, le démantèlement des navires de guerre. J'ai lu dans un entretien que vous avez donné lors de votre venue à Brest, qu'il était une de vos priorités. Je vous en remercie car c'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur.

Amiral Bernard Rogel. La marine est dans une période transitoire. La réforme des bases de défense est indispensable, compte tenu de l'évolution du format des armées. La difficulté pour la marine réside dans la nécessité d'absorber une phase transitoire de « désoptimisation ». Le soutien devient interarmées et il faut rompre avec des habitudes parfois séculaires, ce qui peut être perturbant. Les personnels de la chaîne soutien sont très compétents et au cours de mes déplacements, je n'ai pas rencontré d'obstacle majeur à la mise en place de cette réforme.

On ne peut parler de « surutilisation » de la marine lors de l'opération Harmattan : la marine a fait son métier qui est de faire des opérations ! Cette opération l'a cependant conduite à se retirer de certains exercices et a induit une petite baisse d'activité dans le domaine de la formation, notamment pour la lutte anti-sous-marine. Certaines décisions ont dû être décalées, telles que la transformation de la flottille 11F sur Rafale. Il va donc falloir à la marine un peu plus de six mois pour revenir à l'ensemble de ses qualifications opérationnelles.

Le maintien en condition opérationnelle (MCO) est effectivement compliqué car il concerne des navires de deux générations. Ces choses évolueront quand l'ancienne génération sera complètement remplacée par la nouvelle. Cependant, il n'y aura pas pour autant une diminution des crédits affectés au MCO car l'entretien des matériels modernes est coûteux.

En ce qui concerne le recrutement, je veille à ce que les ruptures de contrats ne soient pas trop nombreuses. Par ailleurs, le système indemnitaire vient d'être refondu et il faudra veiller à ce que de nouvelles mesures catégorielles ne soient pas créées en trop grand nombre.

La décision sur le second porte-avions est un choix politique. Les ambitions de la France en matière de défense et de sécurité doivent être mises au regard de son contexte budgétaire. Le chef d'état-major de la marine ne peut remettre en cause tout l'équilibre des armées françaises, même s'il aimerait naturellement avoir un deuxième porte-avions.

La déconstruction de ses navires est une préoccupation pour la marine depuis longtemps. Il s'agit d'un sujet sensible, tant sur le plan environnemental que sur le plan budgétaire, et il faut prendre en compte l'attachement des marins à leurs bateaux. Les contraintes environnementales se sont récemment renforcées. Si un équilibre peut être atteint entre le coût de déconstruction et la vente de l'acier pour les grands bâtiments, cela n'est pas le cas pour les plus petits.

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