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Intervention de Luc Oursel

Réunion du 12 octobre 2011 à 10h00
Commission des affaires économiques

Luc Oursel, président du directoire d'Areva :

Dans le contexte actuel d'incertitudes, il va de soi que nous serons amenés à revoir nos ambitions à la baisse dans certains domaines, ce qui entraînera le lissage d'une partie de nos investissements. Nous sommes en train de revoir ces projets d'investissements, de les réétudier et certains devront peut-être être décalés.

Un plan d'action stratégique sera présenté au Conseil d'administration au mois de décembre, ce qui me conduira à ne peut-être pas vous répondre sur certains points ; je m'en excuse par avance.

Ma quatrième priorité est de restaurer la performance opérationnelle et financière d'Areva. Si les perspectives de l'entreprise à moyen et long terme sont bonnes, à court terme, nous avons bien sûr souffert des conséquences de Fukushima. Il nous faut alors adapter l'entreprise à ce type d'événements. Mon objectif est de redonner à Areva des marges de manoeuvres. Cela nécessite que l'entreprise soit plus performante et plus rentable et donc moins dépendante de financements externes à l'entreprise. Par exemple, l'arrêt des réacteurs japonais et allemand a entraîné un manque à gagner de 200 millions d'euros, à la suite de commandes qui ont été annulées, et un manque à produire de 2500 tonnes de combustibles, soit l'équivalent de deux mois de production de nos usines Comurhex de Pierrelatte et Malvési. Pour cela, des mesures de prises de congés et de formation ont été mises en place pour les salariés de ces deux sites en novembre et décembre 2011 ; grâce au dialogue social, nous avons ainsi évité de devoir recourir à des mesures de chômage partiel.

Je vous ai exposé mes nouvelles priorités pour Areva. En revanche certains principes restent intangibles. Le premier, c'est la sûreté de nos installations : en tant qu'opérateur, nous avons participé à la revue de sûreté demandée par l'ASN à qui nous avons remis notre rapport le 15 septembre. Nous en attendons les conclusions. Nous accueillons ces stress tests, menés dans tous les pays d'Europe comme un élément essentiel pour restaurer la confiance de la population ; il importe de souligner que ces stress tests marquent un grand progrès dans la mesure où ils ont été élaborés par les autorités de sûreté nucléaire de différents pays, qui ont ainsi pu se mettre d'accord sur l'essentiel : c'est une grande première. Les citoyens doivent savoir que tout est fait dans notre pays, mais aussi en Europe et dans le monde pour assurer une sûreté optimale.

Le deuxième, c'est la sûreté des produits que nous vendons. L'EPR est le réacteur le plus sûr du marché et il est le seul à être en construction dans trois pays du monde. Aujourd'hui, le chantier finlandais, qui a reçu la visite de Monsieur Éric Besson la semaine dernière, est achevé à 80 %. A Flamanville, 85 % des études d'ingénierie sont effectuées et 65 % des équipements que nous devions livrer l'ont été. En Chine où nous construisons deux EPR à Taishan, le chantier se déroule conformément au calendrier et au budget.

L'EPR possède six générateurs diesel de secours abrités en hauteur dans des bunkers indépendants, antisismiques et étanches. Dans un contexte similaire à celui qu'a connu la centrale de Fukushima-Daichii, leur présence aurait été déterminante. Aujourd'hui, cette exigence de sûreté est devenue la condition plus essentielle que jamais de l'acceptation du nucléaire et un atout commercial majeur pour Areva. Nos réacteurs sont les plus sûrs au monde et le surcoût induit par la sûreté ne fait plus débat.

J'aimerais terminer mon intervention en disant un mot du débat sur la place du nucléaire en France. Aujourd'hui, et ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre, le nucléaire est une richesse pour nos territoires, pour la France. Anne Lauvergeon avait eu l'opportunité de présenter devant la commission des finances le 14 juin dernier, les conclusions de l'étude indépendante que nous avions commandée au cabinet PriceWaterhouseCoopers, sur le poids socio-économique de l'électronucléaire en France. Je rappelle pour mémoire que le secteur nucléaire occupe une place significative dans l'économie nationale : la filière représente en France 125 000 emplois directs et 400 000 emplois induits, soit autant que le secteur aéronautique. Elle génère une valeur ajoutée totale de près de 34 milliards d'euros, soit l'équivalent de 2 % du PIB. Et je n'ai pas besoin de revenir devant vous sur la contribution au développement local.

De plus, le poids du nucléaire en France pourrait croître de plus de 20 % sur 2009-2030, avec une perspective de création de 30 000 emplois directs supplémentaires. Pour vous donner un ordre d'idée, exporter un EPR génère près de 8 000 emplois en France, près de 4 000 à l'étranger. Il ne faut pas oublier que le secteur du nucléaire réalise plus de 60 % de son chiffre d'affaires à l'export. Quant aux emplois des entreprises sous-traitantes, je vous informe que les effectifs de ces structures ont augmenté de 4 % par an alors que, dans le même temps, les effectifs diminuaient de 3 % dans le reste de l'industrie.

Enfin, un électricien qui achète à Areva un réacteur ou des services du cycle nucléaire le fait parce qu'il sait que nous nous engageons pour plusieurs décennies avec lui. Sans base industrielle nationale solide, nous risquons de ne plus être en mesure de remporter de nouveaux appels d'offres.

Voilà les éléments que je voulais évoquer devant vous aujourd'hui. Je suis prêt, Monsieur le Président, à répondre aux questions des membres de votre commission.

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